Crowdfunding: une association marocaine récolte 450.000 dirhams au profit d’orphelins du séisme d’Al Haouz

Des orphelins accueillis dans le Douar Shems’y, construit et aménagé par l'Association marocaine d’aide aux enfants en situation précaire (AMESIP).

En trois semaines, l’Association marocaine d’aide aux enfants en situation précaire (AMESIP) a pu récolter 450.000 dirhams lors de sa campagne digitale de collecte de dons au profit d’orphelins du séisme d’Al Haouz. Voici les facteurs clé de ce succès inattendu et la ventilation de la somme obtenue.

Le 31/10/2024 à 09h09

Quatre-cent-cinquante-mille dirhams. C’est la belle moisson que l’Association marocaine d’aide aux enfants en situation précaire (AMESIP) a récoltée à l’issue de sa campagne de collecte de dons lancée le 4 octobre sur Kiwi Collecte, première plateforme de crowdfunding marocaine agréée par Bank Al-Maghrib. À travers cette campagne, l’association souhaitait obtenir des fonds pour assurer le fonctionnement du Douar Shems’y qu’elle a construit dans la commune d’Amizmiz, à environ 60 kilomètres au sud-ouest de Marrakech, qui accueille, depuis octobre, pas moins de 144 orphelins, «pupilles de la Nation», du séisme d’Al Haouz.

Les deux partenaires, qui prévoyaient de collecter cette importante somme en un mois, l’ont recueillie en seulement trois semaines. «Atteindre notre objectif en trois semaines est fantastique. Le montant considérable récolté permettra à nos enfants de passer un hiver au chaud grâce à cette solidarité collective», se réjouit Touraya Jaidi Bouabid, présidente de l’AMESIP, contactée par Le360. «Nous ne nous attendions pas à atteindre ce montant en moins d’un mois», nous confie également Sarah Jaidi, co-fondatrice de Kiwi Collecte.

Les raisons d’un succès inattendu

Nos deux interlocutrices évoquent deux raisons pour expliquer ce résultat précoce. D’abord, la crédibilité de l’association reconnue d’utilité publique. «Cela fait plus d’un quart de siècle que nous travaillons au profit des enfants en situation précaire. Cette crédibilité nous a permis de gagner la confiance des donateurs, un élan qui démontre que les Marocains restent solidaires des victimes du séisme et souhaitent accompagner ces enfants dignement pour leur permettre d’avoir un avenir meilleur», affirme Touraya Jaidi Bouabid.

Pour Sarah Jaidi, cette confiance a poussé de nombreux internautes à s’engager en soutenant les publications diffusées sur les réseaux sociales et surtout à convertir des «likes» en contributions financières réelles en ligne. Résultat: «Nous avons ainsi pu recueillir des dons massifs de 623 participants, allant de 20 dirhams à 20.000 dirhams», révèle-t-elle. «Les deux tiers des dons proviennent du Maroc et le tiers de l’extérieur. Chacun essaye d’apporter sa contribution pour faciliter une meilleure prise en charge de ces enfants», ajoute la présidente de l’AMESIP.

L’autre facteur clé de ce succès inattendu, c’est l’impact de la communication digitale. «Cette campagne a été initiée par l’AMESIP qui a mis en place une stratégie de communication efficace. Cette opération a permis de toucher de nombreux jeunes Marocains, en dehors de leur réseau, à travers les messages et vidéos relayés par des influenceurs sur les réseaux sociaux», souligne la co-fondatrice de Kiwi Collecte.

Ventilation de la somme collectée

L’argent collecté sera ventilé comme suit:100.000 DH seront alloués à l’achat de fournitures scolaires et de jeux pour les enfants, 50.000 DH serviront à l’achat de couvertures et de chauffage pour l’hiver, 40.000 DH seront destinés au personnel médical, aux psychologues et à la pharmacie. Une enveloppe de 150.000 DH sera dédiée à la formation des accompagnateurs présents dans le douar, 70.000 DH aux dépenses liées à l’hygiène et 40.000 DH aux frais de consommation d’eau et d’électricité du douar.

Le Douar Shemsy’s, dont la construction a démarré le 10 octobre 2023, est opérationnel depuis juin 2024. Ce havre d’espoir accueille des orphelins venus des différents douars de la commune d’Amizmiz qui vivent près de leur famille élargie, de leurs tuteurs légaux et de leurs écoles en face du douar. L’objectif étant de les maintenir dans leur environnement culturel.

«Le village a permis la création de soixante emplois, répartis entre les travailleurs sociaux, les éducateurs, les psychologues, les spécialistes culturels, les cuisiniers. Nous prévoyons de poursuivre cette campagne de collecte de dons en dehors des réseaux sociaux, et de lancer, en 2025, d’autres initiatives, notamment des spectacles, des concerts, des expositions photos au profit de ces orphelins», annonce Touraya Jaidi Bouabid.

Par Elimane Sembène
Le 31/10/2024 à 09h09