Covid-19: le nombre des nouvelles contaminations remonte, faut-il s’inquiéter?

Un agent de sécurité prend la température des élèves à l'entrée du lycée secondaire qualifiant Hassan II, le 11 janvier 2022, à Marrakech, afin de faire détecter d'éventuels cas de Covid-19.

Un agent de sécurité prend la température des élèves à l'entrée du lycée secondaire qualifiant Hassan II, le 11 janvier 2022, à Marrakech, afin de faire détecter d'éventuels cas de Covid-19. . Mounir El Ayouchi / MAP

Le Maroc fait face à une nouvelle hausse des cas de Covid-19. Ce Samedi 28 mai, quelque 1.483 cas actifs ont été recensés, avec 205 nouvelles contaminations. Il y a un mouvement de relâchement, comme le constate la tutelle, qui ne cesse de lancer des appels à la prudence et au respect des mesures sanitaires toujours en vigueur.

Le 28/05/2022 à 15h59

Dans un message diffusé au cours de cette semaine, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, a mis en garde contre la montée des cas de Covid-19, précisant que l'augmentation récente du nombre d'infections est principalement liée aux réunions des familles. Il a ainsi appelé à plus de vigilance et au respect des mesures barrières.

Sollicité par Le360, le Dr Saïd Afif, membre du Comité national technique et scientifique consultatif de vaccination, fait état d’une hausse du taux de positivité, lequel est passé de 2 à 4%, mais tient à préciser que le taux d’occupation des lits de réanimation Covid-19 n’est que de 0,2%, soit un total de 13 cas pris en charge au 28 mai 2022, d’où la tendance baissière des décès et la stabilisation du taux de létalité. D’après lui, cette remontée des cas n’est pas inquiétante, mais il est toujours important de rester vigilant.

L'expert explique que la baisse des cas de Covid-19 précédemment constatée a permis un allégement des mesures restrictives, mais le virus circule toujours. Il exhorte ainsi au respect des mesures barrières, notamment le maintien du masque dans les endroits fermés, tout en insistant sur l'importance de la vaccination.

Dr Afif fait également savoir qu’il est aujourd’hui essentiel de compléter le schéma de vaccination, notant que pour les 60-74 ans, plus de 1,5 million de personnes n'ont pas encore reçu la troisième dose (booster), contre 300.000 chez les plus de 75 ans, qui affichent un taux de 100% pour la deuxième dose.

Il signale aussi que seulement 78% de la population cible est doublement vaccinée, contre 18% pour ce qui est de la troisième dose, rappelant que la vaccination permet d’éviter les cas graves. «Il est nécessaire de préserver les acquis du Maroc tout au long de la période de lutte contre la pandémie», souligne-t-il.

Même son de cloche chez le professeur Jaâfar Heikel, épidémiologiste, spécialiste en maladies infectieuses, qui souligne que jusqu’à présent, le Maroc recense entre 150 et 230 cas par jour, et que le taux de positivité dans le Royaume n'a pas explosé.

«Il faut toujours rapporter le nombre de cas au nombre de tests réalisés. Le Royaume a recensé, par exemple, ce samedi 28 mai, 205 cas positifs sur un total de 6.866, soit un taux de positivité de 2,98%. Pour le moment, la majorité des cas sont suivis en ambulatoire. Il n’y a que 13 cas en réanimation, dont 8 sous respiration artificielle», ajoute-t-il.

Pr Heikel souligne, par ailleurs, que la récente augmentation des cas est due à un relâchement constaté dernièrement. «Il y a une liberté dans le comportement individuel. Les gens se retrouvent plus souvent. Ce qui est une bonne chose aussi pour le pays. Il y a une reprise économique, notamment touristique, de façon importante. Cette hausse s’explique également par l’immunité vaccinale qui a baissé chez les personnes ayant précédemment reçu leur dose booster, qui sont désormais plus exposées au virus, ainsi que par la circulation de l’Omicron qui est plus transmissible. Il ne faut pas trop s'inquiéter, mais en revanche, il faut rester vigilant et prudent», conclut-il.

Pour sa part, Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en systèmes et politiques de santé, souligne que cette hausse des cas était prévisible, alertant sur le fait que la population à risque, soit les personnes âgées de plus de 60 ans ou celles ayant des maladies chroniques, et pas triplement vaccinée, doit être plus vigilante, notamment dans les espaces clos, où la circulation du virus est derrière 80% des contaminations, contre 15% dans les espaces clos aérés et 5% à l’extérieur.

S'il confirme que les grands rassemblements sont toujours facteurs de contaminations, le médecin assure néanmoins que la situation épidémiologique est toujours sous contrôle. Et d'insister qu’il faut se protéger sur le plan individuel afin de freiner la circulation du virus.

Dr Tayeb Hamdi rappelle, toutefois, qu'une flmabée des cas lors de la prochaine saison hivernale n'est pas exclue, d’où l’importance de se faire vacciner ou de compléter son schéma vaccinal dès que possible.

Par Hajar Kharroubi
Le 28/05/2022 à 15h59