La difficulté d'accès aux soins est l'une des raisons principales qui expliquent la forte augmentation des décès liés à la pandémie de Covid-19 au Maroc. C'est la conclusion à laquelle est arrivé Al Ahdath Al Maghribia qui, dans son numéro du vendredi 16 octobre, se livre à l'analyse des causes expliquant la situation sanitaire actuelle dans le pays.
Pour rappel, depuis août dernier, les statistiques publiées quotidiennement par le ministère de la Santé font ressortir une forte augmentation des cas, mais surtout aussi des décès. Chaque jour, on enregistre entre 35 et 49 morts liées à cette pandémie. Ceci intervient alors que de nouvelles mesures pour freiner la propagation du virus ont pourtant été prises.
Donnant la parole à des professionnels de la santé, le quotidien arabophone insiste d'abord sur l'aspect critique de la situation. Les derniers bilans de la pandémie appellent en effet à la responsabilité de chacun d'entre nous dans le respect des mesures de prévention sanitaires. Selon Mouad El Mourabit, coordinateur du Centre national d’opérations d'urgence en santé publique, ceci est nécessaire aujourd'hui plus que jamais, au regard de la situation qui prévaut.
Cette situation, comme le rapporte le journal, est d'abord marquée par une saturation progressive des lits dans les hôpitaux. Elle a d'ailleurs été constatée au niveau de l'hôpital Moulay Youssef à Casablanca. Cette saturation est d'autant plus problématique que le nombre de cas graves nécessitant une prise en charge est en constante augmentation. À titre d'illustration, au 14 octobre, on en comptait déjà 525, dont près d’une soixantaine sous intubation.
Plus on se rapproche donc de la saturation des lits disponibles dans les hôpitaux, plus l'accès des malades graves aux soins est difficile, ce qui de facto fera exploser encore davantage le nombre des décès. Dans le même registre, Driss Habachi, expert à l'Institut Pasteur Casablanca, également cité par Al Ahdath Al Maghribia, évoque le retard dans la prise en charge des malades comme une des explications du niveau élevé des décès.
Selon lui, dans de nombreux cas, les malades, particulièrement ceux souffrant de maladies chroniques ou qui sont âgés, n’accèdent aux soins qu'une semaine après leur infection. Ceci rend le protocole de soin classique inefficace, selon le spécialiste. Enfin, pour le professeur Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, l'augmentation du nombre de décès s'expliquerait également par les conséquences de la levée du confinement. Avec celui-ci, le virus atteint désormais de plus en plus les populations vulnérables qui, une fois contaminées, deviennent des cas critiques susceptibles de décéder du Covid-19.
Quoi qu'il en soit, la situation au Maroc reste, selon les spécialistes, en ligne avec ce qui est constaté à l'échelle mondiale: plus le virus fait de cas critiques, plus les lits hospitaliers sont saturés et plus l'accès aux soins est difficile, faisant donc exploser le taux de létalité. Un cercle vicieux que seule une prévention stricte de la part de tous pourrait enrayer.