Le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca a décidé, jeudi, d’écrouer deux femmes, une coiffeuse de sa profession, et son amie. Ces deux femmes ont tenté d’exercer des pressions sur la victime d'un substitut du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca, lequel est impliqué, avec des complices, dans plusieurs affaires mêlant corruption, abus de pouvoir et trafic d’influence.
Selon les sources du quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 19 et 20 septembre, les deux femmes, la coiffeuse et sa cliente, qui travaille en même temps avec elle dans une école de coiffure, harcelaient la victime, qui est aussi plaignante dans le scandale qui implique ce magistrat et substitut du procureur du Roi. Les deux femmes avaient tenté de la manipuler pour qu’elle revienne sur ses précédentes déclarations, pourtant déjà consignées dans les procès-verbaux de la police judiciaire.
Après plusieurs tentatives sans résultats, les deux femmes ont menacé la plaignante, ce qui l'a poussée à saisir le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca. Après enquête, ce dernier a décidé de les poursuivre en état de détention pour «manœuvres et menaces pour déterminer autrui à faire une déclaration mensongère», en vertu des dispositions de l’article 373 du code pénal.
Cet article de loi, rappelle le quotidien, dispose que «quiconque, en toute matière, en tout état d'une procédure ou en vue d'une demande ou d'une défense en justice, use de promesses, offres ou présents, de pressions, menaces, voies de fait, manœuvres ou artifices pour déterminer autrui à faire une déposition ou une déclaration ou à délivrer une attestation mensongère, est puni, que la subornation ait ou non produit effet, de l'emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende de 200 à 2.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement, à moins que le fait ne constitue la complicité d'une des infractions plus graves».
Le scandale avait éclaté suite à la plainte de cette femme, victime/plaignante aujourd’hui, qui s’est retrouvée forcée à «se livrer» au magistrat pour orienter le procès en faveur de son frère, mineur, qui était impliqué dans un trafic illégal. Un intermédiaire avait demandé à cette femme une somme de 20.000 dirhams pour le traitement de l’affaire. Mais elle n’a versé que 5.000 dirhams, ce qui n’avait pas été apprécié par le substitut du procureur qui avait contacté l’intermédiaire afin de forcer la femme à honorer son engagement.
Pour s’en sortir, cet intermédiaire a invité la femme dans la demeure du substitut du procureur à Casablanca afin de dénouer la situation. Une fois chez lui, la femme s’est retrouvée devant le fait accompli, dans les bras du magistrat, en présence de l’intermédiaire. L’enquête est toujours en cours afin de démêler cet écheveau complexe.