Le nombre de magistrats impliqués dans ce réseau de corruption s’est élargi avec l’inculpation d’un juge de la cour d’appel de Casablanca par le juge d’instruction d’une juridiction similaire à Rabat. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 5 août, que ce magistrat a été poursuivi en état d’arrestation et placé en détention provisoire à la prison d’Al Arjat à Salé. Le nom du nouvel inculpé a été évoqué dans des déclarations attribuées à un intermédiaire qui aurait joué ce rôle dans le dossier d’une femme accusée de proxénétisme. Le suspect serait intervenu, en compagnie de l’avocat de la dame incriminée, auprès du juge pour qu’elle soit acquittée en appel après avoir écopé de huit mois de prison ferme.
La détenue aurait versé 30.000 dirhams au juge et 10.000 à l’avocat, mais les juges de la cour d’appel l’ont condamnée à cinq mois de prison ferme. Un jugement qui a suscité l’ire de l’intermédiaire à qui la condamnée a demandé la restitution de la somme. Le quotidien Al Akhbar, qui traite le même sujet, souligne que le juge incarcéré mercredi dernier à Salé est le quatrième magistrat qui tombe entre les mains de la justice dans cette affaire de corruption. L’un deux a été détenu à la prison d’Oukacha pour de graves chefs d’inculpation et les deux autres ont été poursuivis en état de liberté provisoire.
Le magistrat est né en 1962 et occupait le poste de président d’une chambre à la cour d’appel de Casablanca. L’enquête a montré qu’il était impliqué dans des affaires de corruption et de trafic d’influence sur la base de déclarations des coaccusés ainsi que de communications téléphoniques. Des éléments de preuve qui ont révélé des décisions suspectes dans le cadre de certains jugements. Il faut rappeler que la ville de Casablanca a été secouée, il y a une semaine, par un scandale qui a éclaté en concomitance avec l’enquête en cours sur la fuite d’un enregistrement audio attribué à des juges.
Un enregistrement qui a suscité une vaste controverse au sein des corporations de juges et d’avocats dans le royaume. Une enquête a été ouverte sur des affaires d’escroquerie et de falsification dans lesquelles sont impliqués des responsables sécuritaires, des juges, des fonctionnaires et des commerçants. En définitive, 29 suspects ont été déférés, vendredi dernier, devant le procureur général du Roi près de la cour d’appel de Casablanca qui en a poursuivi 25 en état d’arrestation.