Les services d’enquête du Conseil de la concurrence ont procédé, avec l’autorisation du procureur du Roi et l’appui d’officiers de la Brigade nationale de la police judiciaire, à la saisie de documents et de dossiers relatifs à des transactions commerciales auprès de cinq opérateurs actifs sur le marché national des aliments composés destinés au secteur avicole et aux marchés qui y sont liés, en particulier celui des poussins.
Dans son édition de ce lundi 8 décembre, le quotidien Assabah indique que les enquêteurs ont effectué des visites inopinées dans les sièges et entrepôts de ces opérateurs, motivées par des soupçons de pratiques anticoncurrentielles. Ces soupçons ont conduit l’instance d’enquête à solliciter et obtenir une ordonnance du procureur du Roi permettant l’accès forcé à ces locaux, opération menée avec l’appui d’éléments de la Brigade nationale lors des visites et saisies.
Cité par Assabah, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, a salué la fermeté du Conseil de la concurrence face aux indices d’infractions aux règles concurrentielles. Selon lui, ces interventions renforcent la confiance du public en démontrant que l’institution joue pleinement son rôle constitutionnel. Il rappelle d’ailleurs qu’il ne s’agit pas d’une première. Le Conseil avait déjà mené une mission similaire auprès d’un acteur du secteur de la livraison, qui a abouti à un règlement à l’amiable.
Bouazza Kherrati insiste toutefois sur le fait que la saisie de documents ne signifie pas automatiquement la culpabilité des entreprises concernées. L’opération répond à la nécessité de vérifier des soupçons avant toute décision. Il appelle également à élargir la composition du Conseil afin d’y intégrer les associations de protection des consommateurs, dont l’expertise de terrain et la proximité avec les citoyens permettraient une meilleure compréhension des problématiques du marché.
Le Conseil de la concurrence a décidé, dans le cadre d’une autosaisine, d’ouvrir une enquête sur les marchés des aliments composés et des poussins, alors que les prix du poulet ont connu des hausses record ces derniers mois. Cette décision intervient à la lumière d’un précédent avis du Conseil sur la concurrence dans le secteur, qui révélait un niveau élevé de concentration dans le marché des aliments composés destinés à la volaille, a-t-on lu.
Le même avis mettait en évidence plusieurs dysfonctionnements concurrentiels dans ce marché et dans les marchés connexes, notamment celui des poussins. Ces deux intrants représentent à eux seuls environ 75% du coût de production du poulet de chair, ce qui a un impact direct sur les prix de vente au public.
Le Conseil avait également souligné, dans son analyse du secteur, l’existence de 46 unités spécialisées dans la fabrication d’aliments composés, selon les données de l’Association des producteurs d’aliments composés affiliée à la fédération interprofessionnelle de la filière avicole. Après avoir examiné en détail la structure du marché, il avait constaté un fort degré de concentration: les huit principales unités y détiennent 73% des parts. L’étude des liens capitalistiques entre certains opérateurs révélait même qu’à eux seuls, deux acteurs contrôlent la moitié du marché.
Ces constats nourrissent aujourd’hui les investigations en cours, qui devront déterminer si cette concentration s’est traduite par des pratiques anticoncurrentielles ayant contribué aux hausses de prix ressenties par les consommateurs. L’enjeu est d’autant plus important que le secteur avicole constitue l’une des principales sources de protéines animales au Maroc. Toute perturbation dans la chaîne de production ou tout déséquilibre dans les marchés des intrants se répercute rapidement sur le pouvoir d’achat des consommateurs.








