Près de 2.000 pharmaciens venus de différentes régions du Royaume ont manifesté, lundi à Rabat, devant le siège du ministère de la Santé et de la Protection sociale. À l’appel de la Confédération nationale des syndicats de pharmaciens, ils ont tenu un sit-in pacifique pour dénoncer la politique actuelle de régulation des prix des médicaments, jugée préjudiciable à la profession.
Dans leurs déclarations, les représentants syndicaux ont mis directement en cause le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, accusé de «refus persistant de dialogue» avec les instances représentatives du secteur. Selon le secrétaire général de la Confédération, Amine Bouzoubaa, plus de 4.000 officines seraient aujourd’hui menacées de faillite, une situation qui «met en péril non seulement l’avenir des pharmaciens, mais aussi la continuité d’un service public essentiel».
Les contestataires reprochent notamment au ministère de tutelle de concentrer sa stratégie sur la baisse des prix de médicaments à faible valeur thérapeutique, au lieu d’agir sur les traitements coûteux destinés aux pathologies lourdes, telles que les maladies chroniques et les cancers. Ils pointent également les «pénuries récurrentes» de certaines spécialités médicales, assimilées à une atteinte au droit fondamental d’accès aux soins.
«L’avenir de notre profession est sombre et, en l’absence d’un dialogue sérieux autour de notre cahier revendicatif, nous poursuivrons notre mouvement de contestation», a averti Samira Zentar, pharmacienne venue de Fès. Les pharmaciens estiment que les conclusions des concertations menées ces dernières années sont restées lettre morte, et accusent le ministère de mettre en œuvre des mesures «déstabilisatrices» pour le maillage national des officines.
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Durant le sit-in, les slogans scandés traduisaient la gravité du malaise: «Honte, honte, la pharmacie est en danger», «Soit aujourd’hui, soit demain, la réforme aura lieu, c’est certain!». Les pancartes ont arboré des messages interpellant directement le ministre: «Où sont vos promesses, M. le ministre?», «Où sont les élections des conseils?», ou encore «Stop à l’ignorance et à l’absurdité!».
Dans son communiqué, la Confédération a imputé au gouvernement et au ministère de la Santé la «pleine responsabilité des conséquences de ce blocage», en avertissant que «fragiliser le secteur pharmaceutique revient à compromettre la sécurité médicamenteuse des citoyens». Une menace qui touche, rappellent-ils, à un enjeu relevant de la souveraineté nationale en matière de santé publique.








