Le quotidien Assabah du mercredi 8 septembre met en exergue la grande contradiction qui existe entre la ferveur populaire pour la campagne électorale et le très faible taux de participation électorale le jour du vote. La raison est très simple: les milliards de centimes de la campagne électorale, sont très prisés par de nombreux secteurs d’activités qui en tirent grand profit.
Selon Assabah, l’enveloppe de 1,5 milliard de dirham consentie cette année par le gouvernement pour les élections du 8 septembre, soit trois fois plus que l’enveloppe des précédentes élections, a boosté l’emploi et l’activité commerciale en général durant les quelque 15 jours qu’a duré la campagne électorale. En effet chaque candidat, estime Assabah, dépense entre 300 et 600.000 DH pour sa seule campagne électorale.
Certains de ces candidats louent des locaux, en général des magasins au rez-de-chaussée d’un immeuble, pour en faire leur poste central. Selon certains intermédiaires immobiliers, la location d’un local pour les 15 jours de campagne électorale nécessite au minimum, dans les grandes villes du moins, quelque 5000 DH. Selon l’emplacement du local loué, le prix peut aller jusqu’à plus de 10.000 DH. Assabah ajoute que certains candidats louent jusqu’à 5 locaux, soit une dépense qui se situe entre 25.000 et 50.000 DH.
De même, chaque candidat engage une dizaine de personnes chargées de faire le porte-à-porte dans sa circonscription électorale. Chaque individu de cette main d’œuvre provisoire est payé au minimum 300 DH par jour, soit 3000 DH à payer quotidiennement par le candidat. A cela s’ajoutent les frais de nourriture et de café qui peuvent atteindre 150 DH par personne. Il faut aussi compter ces dizaines de jeunes, dont des écoliers, engagés pour distribuer les imprimés des listes et programmes des partis, payés 100 DH chacun, et qui coûtent quelque 5500 DH par jour à chaque candidat.
Assabah a aussi contacté un imprimeur pour avoir une idée sur les dépenses électorales des candidats en matière de papier. Selon lui, les flyers des candidats sont imprimés entre 10 centimes et 5 DH l’unité, en fonction de la qualité exigée. On apprend également que chaque candidat imprime entre 20.000 et 80.000 flyers, un chiffre qui peut aller crescendo selon la taille de la circonscription électorale.
Cet imprimeur reconnait qu’en dehors de la rentrée et la fin de l’année scolaires, les échéances électorales sont celles qui boostent le plus les imprimeries.
Les loueurs de voitures se frottent également les mains durant la campagne électorale, car pour leur déplacement, mais aussi pour les affiches publicitaires mobiles, les candidats aux élections loent des voitures. Un candidat d’un grand parti en campagne à Casablanca a reconnu, selon Assabah, louer par jour entre 4 à 10 voitures, à raison de 400 DH en moyenne par voiture.
En ces temps de Covid-19, l’argent des élections a donc été salutaire pour de nombreux secteurs d’activités.
