Adib Benbrahim, secrétaire d’État chargé de l’Habitat, a livré, ce lundi 22 décembre à la Chambre des représentants, un exposé détaillé sur les mesures mises en œuvre pour traiter le dossier sensible des bâtiments menaçant ruine.
Le secrétaire d’État chargé de l’Habitat a d’abord insisté sur le caractère préventif de l’action menée par l’État à travers l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Dès 2022, le département a sollicité les commissions régionales afin d’obtenir les demandes nécessaires pour lancer les opérations de recensement et d’expertise des bâtiments à risque. «Nous avons demandé aux instances régionales de nous transmettre les dossiers afin de pouvoir procéder au recensement et aux expertises», a-t-il expliqué.
Les chiffres avancés traduisent l’ampleur du chantier. 49.000 bâtiments ont été recensés et 23.000 expertises ont été réalisées, soit 63% du total prévu. Selon Benbrahim, 15.000 bâtiments nécessitent une démolition totale ou partielle, en particulier dans les villes anciennes.
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Le secrétaire d’État a précisé que 27 villes sur 32 ont déjà fait l’objet d’un travail d’expertise, certaines présentant des contraintes spécifiques, notamment les villes situées à l’intérieur des remparts. Les opérations restantes devraient être finalisées d’ici janvier, ce qui portera à 29 villes traitées sur 32.
Concernant les mécanismes de prise en charge, Benbrahim a rappelé la mise en place d’une convention-type, dont la première expérience a été lancée dans la région de Rabat. Cette convention permet de mobiliser un fonds dédié à la réhabilitation, notamment lorsque le propriétaire ne dispose pas des moyens financiers nécessaires. Les coûts engagés peuvent ensuite faire l’objet d’un mécanisme de récupération. Il a également indiqué que les rapports d’expertise et les opérations de recensement sont transmis aux autorités concernées afin d’engager les décisions nécessaires.
Abordant l’exemple précis de Fès, Adib Benbrahim a expliqué que le premier cas concernait un immeuble pour lequel un ordre d’évacuation avait déjà été donné, mais que les habitants avaient refusé de quitter les lieux. Il a rappelé qu’un programme avait été mis en place dès 2021, avec une convention signée et des moyens mobilisés pour permettre l’évacuation et la prise en charge des familles concernées.
Un dispositif complémentaire a ensuite été lancé, avec de nouvelles ressources, afin de reloger 780 familles et de sécuriser les bâtiments menacés, tout en précisant que ces mesures n’étaient pas une réaction récente, mais s’inscrivaient dans un dispositif engagé depuis plusieurs années. «Ce programme ne date pas d’aujourd’hui», a-t-il déclaré.
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Le second cas évoqué concerne des bâtiments dont la construction initiale avait été autorisée entre 2005 et 2007, pour un rez-de-chaussée et deux étages. Après la délivrance de ces autorisations, la responsabilité du ministère et de l’agence nationale ne relevait plus du suivi des extensions ultérieures. Selon Benbrahim, les étages ajoutés de manière non autorisée relèvent de la responsabilité des autorités locales. Une enquête d’une durée d’un an a été menée afin de comprendre comment ces extensions ont été réalisées, soulignant l’importance du contrôle local.
Le secrétaire d’État a également insisté sur la distinction fondamentale entre les bâtiments menaçant ruine autorisés et les bâtiments informels. Pour ces derniers, présents sur l’ensemble du territoire national, il a estimé qu’une approche spécifique est nécessaire. «Il faut un programme particulier pour traiter les bâtiments informels présents dans tout le Maroc», a-t-il affirmé.
Dans ce cadre, Benbrahim a salué la récente circulaire du ministre de l’Intérieur, demandant aux walis et gouverneurs de mettre en place des commissions spéciales, chargées d’assurer le suivi, le recensement et la surveillance de ces constructions. Ces commissions doivent fournir des données précises afin de permettre l’élaboration de solutions globales.
Enfin, le secrétaire d’État a rappelé que la lutte contre les bâtiments menaçant ruine repose sur la coordination entre le ministère, les agences concernées et les autorités locales. L’objectif affiché est de sécuriser les habitants, éviter de nouveaux effondrements et traiter durablement un problème structurel qui touche aussi bien les villes anciennes que les quartiers informels.







