«Cette proposition de loi du PPS est un pas très positif, nous adoptons d'ailleurs la même ligne de conduite», a déclaré Chafik Chraibi, gynécologue et président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC).
Cependant, ce militant regrette que ce texte, dans le circuit législatif depuis deux ans, soit aujourd’hui intégrée au Code pénal. «Tout comme je l’ai souligné dans mon courrier au chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani, il faut sortir la loi du Code pénal, car l’amendement risque de prendre beaucoup de temps, alors que nous sommes dans une situation d’urgence». Pour Chafik Chraibi, si les médecins pratiquent de moins en moins l’avortement médical clandestin, les femmes ont, elles, de plus en plus recours à la médecine traditionnelle et cela représente un véritable risque.
Il y a trois ans, on s'en souvient, à l’issue d’un débat national tenu à la bibliothèque nationale, le roi Mohammed VI avait, dans un message, ordonné à plusieurs responsables de se pencher sur le sujet de l’avortement au Maroc. Aujourd’hui, c’est au tour du PPS de proposer une loi sur «l’interruption médicalisée» de la grossesse. Contactée par le 360, Touria Skalli Alaoui, gynécologue et députée PPS au Parlement, a déclaré que cette proposition de loi, telle que présentée par le parti du Livre, visait à encadrer juridiquement l’interruption médicalisée de la grossesse.
Le PPS recommande cette interruption, lorsque la grossesse menace la santé mentale ou physique de la femme, lorsque le fœtus souffre d’une déformation dangereuse, lorsque la grossesse résulte d’un viol, que la femme soit mariée, célibataire, mineure ou majeure et enfin lorsque la femme est déficiente mentale, abandonnée ou en situation difficile.
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Ce sont ces mêmes recommandations qui sont défendues bec et ongles par Chafik Chraibi. Le médecin est d’ailleurs à l'origine de la conférence sur l’avortement organisée à Rabat.
Pour le PPS, il s’agit d’intégrer cette loi dans l’arsenal juridique des lois de santé, dont les «lois de bioéthique» telles la loi sur le don et l’utilisation du sang, la loi sur le don d’organes ou encore la loi sur l’assistance médicale à la procréation.
«Pour nous il s’agit avant toute chose d’un problème de santé, de protection de la santé de la femme et de la famille, donc un problème de santé publique, à l’ère où les diagnostics des malformations fœtales, de la biologie et de la génétique font de grands progrès, où les maladies et les situations pathologiques qui entraînent des dangers pour la vie ou la santé de la femme enceinte et du fœtus sont mieux cernées, et où les thérapeutiques fœtales connaissent de grands progrès», explique Touria Skalli.
Cette proposition de loi vise selon le PPS à sortir cette question du carcan du Code pénal, qui traite de l’avortement selon l’angle de l’atteinte aux mœurs, à la famille et à la moralité publique.