«On ne peut admettre que des personnes, seules dans leur coin, se mettent à dicter leur loi. Personne n’a le droit de s’ériger en garant de la vertu et encore moins de décréter aux touristes la manière dont ils devraient s’habiller sur une plage.» Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, fulmine contre les surfeurs de la plage d’Anza. Leur pancarte posée le 19 juin sur ce spot de surf au nord d’Adagir qui affichait «Respect Ramadan. No Bikinis», a eu l’effet d’un tsunami sur les réseaux sociaux.
Une déferlante d’insultes s’est abattue sur le club de surf à l’origine de cette action dont les membres sont traités d’extrémistes. Et les autorités ne sont pas épargnées non plus. Et beaucoup s'indignent de leur laxisme. Pourtant, celles-ci ont aussitôt réagi pour enlever la pancarte. «La réaction des pouvoirs publics a été adéquate. Et c’est le seul moyen d'atténuer les effets néfastes que pourrait avoir un tel acte sur le tourisme marocain», explique Lahcen Haddad qui rappelle que dans la conjoncture actuelle, l’image du royaume n’a pas besoin d’une telle publicité.
Du côté des surfeurs d’Anza, on crie au malentendu. Mohamed Tarbi, animateur de la page Facebook de «Plaka Anza», par laquelle le scandale est arrivé, nous explique que lui et sa "bande" ne voulaient que "susciter la curiosité des visiteurs étrangers de la région au sujet du mois de Ramadan". Ecoutons-le!
Mohamed Tarbi confie que lui et ses copains surfeurs voient défiler des touristes à longueur d’année et qu’ils s’entendent très bien avec eux et respectent parfaitement leur mode de vie. Il n’empêche que son discours contient quelques relents de conservatisme.
Mais, entre conservatisme et intégrisme, il y a tout un monde! Et des internautes sont vite allés en besogne en faisant le raccourci du message maladroit contenu dans la pancarte aux idées étroites. Surtout que pour habiller leur panneau, les surfeurs d’Anza ont fait un malheureux choix en optant pour le noir et blanc de Daech, ce code couleur qui est désormais associé à la terreur propagée par l’Etat islamique. Ce choix, Plaka Anza, cette association qui existe depuis vingt ans sans faire de vagues, le regrette amèrement comme nous l’explique son porte-parole.