C’est un secret de polichinelle. L’usage excessif des réseaux sociaux peut avoir des impacts négatifs sur le comportement des enfants et des adolescents. Plusieurs études scientifiques l’ont démontré. Dernier en date: un rapport publié récemment par le médecin-chef des Etats-Unis, Vivek Murthy, dont il ressort que les réseaux sociaux peuvent avoir «des effets extrêmement nocifs sur la santé mentale des enfants et adolescents».
D’après ce rapport, des études ont établi un lien entre l’utilisation de ces plateformes et l’apparition de symptômes dépressifs chez cette frange de la population. En effet, elles peuvent fragiliser l’estime de soi, en les poussant à se comparer à une réalité virtuelle. «Les adolescents ne sont pas de simples petits adultes, ils sont dans une phase critique de leur développement cérébral.»
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Qu’en est-il au Maroc? «Les réseaux sociaux sont un réel problème de santé publique dans le Royaume», répond d’emblée Dr Imane Kendili, psychiatre-addictologue, contactée par Le360. Au banc des accusés, les parents. «Les parents inscrivent leurs enfants de huit ou neuf ans sur Facebook, Instagram, etc., alors que ces plateformes sont interdites aux moins de 14 ans. A travers ce geste, on apprend déjà la triche à sa progéniture», indique-t-elle.
Des troubles du comportement
Plongés dans un océan rempli de personnes qui sont dans le culte de l’image et dans la fausse réalité, ces futurs adultes naviguent à vue, à leurs risques et périls. «On voit souvent en consultation des enfants qui ont des problèmes affectifs, sont dans l’impulsivité, qui s’identifient à des personnages des réseaux sociaux, qui ont des troubles du sommeil, de l’appétit, l’anorexie», détaille notre experte.
«Certains sont aussi gagnés par l’irritabilité, l’agressivité. Des comportements qui peuvent déboucher sur des troubles psychiatriques, comme la dépression ou un décrochage social, ou encore le décrochage scolaire», ajoute-t-elle. Mais le plus grave, «c’est que l’on retrouve des enfants et adolescents dans des groupes où on fait l’apanage du passage à l’acte, des automutilations ou de la sexualité».
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Selon le médecin-chef des Etats-Unis, ce sont les filles qui sont les plus exposées sur les réseaux sociaux. Un constat confirmé par Dr Kendili: «Des adolescentes de 17 ans qui développent une sexualisation intensive et qui s’adonnent même à la chirurgie esthétique. Certaines mêmes la demandent comme cadeau du bac», alerte-t-elle.
Après le diagnostic, place aux solutions. Et à ce niveau, les parents sont interpellés. «Ils doivent limiter le temps de connexion des enfants et adolescents sur les réseaux sociaux, qui ne doit pas dépasser une heure ou deux heures de connexion par jour, et favoriser les activités à l’extérieur.» Pour Imane Kendili, les parents doivent assumer leur rôle et «éviter de se débarrasser de leurs enfants, pour avoir la quiétude, en leur remettant des appareils électroniques».