Agadir: le couvre-feu commercial à 1h du matin provoque une vive polémique

La décision de fermer les commerces à 1 heure du matin a suscité une vive polémique à Agadir.

Le 19/10/2025 à 12h24

VidéoLa décision du conseil communal d’Agadir d’imposer la fermeture des commerces et des établissements de services à 1h du matin suscite de vives réactions. Commerçants, chauffeurs de taxi et habitants dénoncent une mesure «injuste» et «déconnectée de la réalité économique» de la ville.

Le récent arrêté de la commune d’Agadir fixant la fermeture obligatoire des commerces et établissements de services à 1h du matin a déclenché une vague de mécontentement dans plusieurs quartiers de la ville, notamment à Salam, Jet Sakane, Dakhla, Al Qods et Hay Mohammadi.

Selon de nombreux commerçants, cette décision menace directement leur survie économique. Interrogés par Le360, ils estiment qu’elle a été prise sans concertation préalable avec les professionnels et dénoncent un manque de «légitimité» dans la démarche.

Certains qualifient même la mesure de «discriminatoire» à l’égard d’investisseurs qui ont misé sur des activités nocturnes -restaurants, cafés et snacks- dont le pic d’activité débute souvent après 18h pour se prolonger jusqu’à 3h du matin. Ils alertent sur le risque de pertes massives d’emplois et appellent le conseil communal à revenir sur sa décision.

Les taxis montent au créneau

Les réactions ne se limitent pas aux commerçants. Jamal Sahil, président de l’Association professionnelle des exploitants et conducteurs de petits taxis d’Agadir, estime que la mesure est «loin de la réalité socio-économique de la ville». Selon lui, le secteur des petits taxis -pilier de l’activité nocturne locale- sera fortement impacté par la baisse de la clientèle, aggravant la précarité d’un métier déjà fragilisé.

«Ce couvre-feu commercial signifie moins de passagers, donc moins de revenus pour les chauffeurs qui font vivre des familles entières», déplore-t-il, tout en appelant la commune à reconsidérer les conséquences sociales et économiques de cette décision.

Une phrase polémique qui enflamme les réseaux sociaux

La tension est montée d’un cran après la déclaration du secrétaire du conseil communal d’Agadir, Khalid El Qaïdi: «Les personnes qui cherchent du pain à 3h ou 4h du matin, je leur propose de se contenter de biscuits».

Cette sortie, jugée méprisante par de nombreux habitants, a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. En guise de protestation symbolique, un acteur associatif a même envoyé un colis contenant un paquet de biscuits au conseil communal par courrier recommandé.

Face à la controverse, le conseil communal d’Agadir a tenu à clarifier sa position. Abdellah Boulghmair, vice-président du conseil, a indiqué dans une déclaration pour Le360 que la décision s’appuie sur l’article 100 de la loi n°113.14, qui confère aux communes la compétence de réguler les horaires d’ouverture et de fermeture des établissements ouverts au public.

Il a précisé que ce pouvoir découle des prérogatives de la police administrative des communes, tout en rappelant que les dispositions fiscales relatives à la taxe sur la fermeture et l’ouverture ont été abrogées par la loi n°47.06 en 2006.

Entre tranquillité publique et dynamisme économique

Selon le vice-président, le conseil a reçu plusieurs plaintes d’habitants dénonçant le bruit et les nuisances nocturnes provoquées par certains établissements ouverts toute la nuit.

Le but de cette mesure, explique-t-il, est de préserver la quiétude des habitants tout en maintenant un équilibre avec l’activité économique de la ville.

«Nous veillons à adapter la mise en œuvre du texte selon les spécificités des zones commerciales et résidentielles», a-t-il conclu, affirmant que le conseil reste à l’écoute des acteurs concernés.

Par M'hand Oubarka
Le 19/10/2025 à 12h24