Affaire du Marché de gros: un élu écope de trois ans de prison

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Le verdict en première instance dans l’affaire du marché de gros de Casablanca vient de tomber. Un membre du conseil de la ville de Casablanca et ex-président de la commune de Sbata écope de trois ans de prison ferme. Les autres peines oscillent entre l’acquittement et 3 ans de prison.

Le 08/12/2014 à 14h00

Plus de cinquante ans de prison ferme. C’est la peine totale infligée aux seize présumés inculpés dans cette affaire de Marché de gros de Casablanca qui tient en haleine l’opinion publique depuis 2003. L’ancien président de la commune de Sbata et membre de la majorité de la mairie de Casablanca s’est vu infliger une peine de trois ans de prison ferme. Les autres prévenus, des fonctionnaires du marché et du service informatique, ont été condamnés à des peines allant de six mois à trois ans de prison ferme. L’ancien directeur du marché a été acquitté. Deux personnes ont été condamnées par contumace. Apparemment, elles auraient pris la poudre d’escampette dès le début de l’instruction. Les présumés accusés sont poursuivis en état de liberté provisoire. Les chefs d’accusations retenus contre les uns et les autres s’articulaient autour du faux et usage de faux, de falsification de documents officiels, trafic d’influence, fausses déclarations de marchandises, destruction du système informatique du marché et détournement de deniers publics. Et c’est à cause de ces pratiques que plusieurs millions de centimes partaient en fumée chaque mois au Marché de gros de Casablanca. A cause, surtout, des fausses déclarations des marchandises à l’entrée, de la falsification des états de base, l'exploitation des magasins sans frais de location. Comment se faisaient les fausses déclarations qui faisaient perdre à la ville des sommes d’argent faramineuses? D’après les lois en vigueur dans ce domaine, 7 % de la valeur globale de la marchandise devraient être versés à la caisse du marché. Avant d’accéder aux magasins ou aux carreaux pour vendre leurs marchandises, les fellahs et autres grossistes sont appelés à les déclarer à l’entrée. Une grande balance électronique reliée au système informatique de l’administration est installée à la porte principale du marché. Une fois le tarage effectué, le vendeur perçoit ce qu’on appelle, dans le jargon des professionnels sur place, son «état de base» pour passer à la caisse.C’est là où les fausses déclarations faisaient perdre aux recettes du marché des sommes d’argent importantes. Par exemple, la poire qui coûte 20 dirhams le kilogramme pourrait être déclarée comme un navet qui n’est commercialisé qu’à deux dirhams le kilogramme. La valeur globale de la marchandise à payer est ainsi divisée par dix. Et l’on sait que le marché de gros de fruits et légumes de Casablanca reçoit entre 60.000 et 70.000 tonnes par mois de marchandises, soit près de 900.000 tonnes chaque année. Cela montre l’ampleur des dégâts occasionnés par ces pratiques.

S’ajoutent à cela, selon des sources du Marché, des falsifications de déclarations sur les papiers archivés au moment où, comme par hasard, les données n’ont pas été enregistrées sur le système informatique.

Ce Marché de gros de Casablanca est un véritable poumon économique non pas uniquement de la capitale économique du royaume, mais de tout le pays. Mais avec ces pratiques, les deux bouts de la chaîne (le producteur et le consommateur) sont égrugés. C’est une manne pour ces intermédiaires et parasitaires du circuit.

Par Le360
Le 08/12/2014 à 14h00