Mardi 16 mai, à 10h45, devait se tenir à Tanger le procès en appel d’une affaire qui a fait grand bruit et à laquelle Le360 a consacré un reportage il y a quelques jours. Pour rappel, deux frères âgés aujourd’hui de 11 et 9 ans accusent leur mère, le mari de leur grand-mère ainsi qu’une dizaine d’autres personnes de les avoir violés pendant plusieurs mois, en l’absence de leur père. W. et L. expliquent aussi dans leurs nombreux témoignages, relayés par des plaintes de leur père, avoir assisté à des orgies sexuelles organisées dans leur domicile familial à Tanger, mais aussi dans d’autres endroits, ainsi qu’à des rituels qui s’apparenteraient à des rituels satanistes, impliquant leur mère et leurs nombreux agresseurs.
La chambre criminelle avait condamné en première instance la mère, toujours en liberté provisoire, à deux ans de prison pour viol à l’encontre de ses enfants, ainsi que d’autres accusés à cinq ans de prison ferme pour agression sexuelle et d’autres à quelques mois seulement pour le même chef d’accusation.
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Contactée par le père, que l’on appellera Ayoub pour préserver son anonymat, Me Guellaâ assure désormais la défense des enfants au nom de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV). L’avocate, qui s’est emparée du dossier, avait conseillé dans un premier temps au père de faire appel du jugement dont les peines ne respectent aucune logique, obtenant ainsi un ajournement au 16 mai.
Pourquoi un nouvel ajournement?
Mais ce jour-là, explique pour Le360 Me Guellaâ, celle-ci devait plaider au même moment dans une autre affaire, celle de Jacques Bouthier, millionnaire français, accusé avec huit autres complices de harcèlement sexuel et traite humaine, dans le cadre de laquelle elle représente les victimes marocaines. L’avocate a donc obtenu de la cour un nouveau report du procès, dont la date a été désormais fixée au 30 mai.
«Cela nous permettra d’étudier encore plus en profondeur les éléments du dossier afin d’assurer au mieux la défense des victimes de cette affaire, les enfants», poursuit la présidente de l’AMDV.
Des accusés et leurs familles manifestent leur colère devant le tribunal
Présent au tribunal sans ses enfants, Ayoub a été confronté à son ex-épouse, sa mère, le mari de celle-ci, lui aussi accusé de viol par les enfants, ses frères et sœurs et d’autres personnes de sa famille, venus manifester leur colère, explique-t-il pour Le360. «Il y avait aussi les familles des personnes incarcérées dans le cadre de cette affaire», poursuit le papa qui a dû quitter le tribunal sous escorte policière par la porte arrière du tribunal. Estimant à plus d’une trentaine de personnes le groupe venu manifester sa colère devant le tribunal, Ayoub s’étonne par ailleurs de la présence de «membres d’une association de bienfaisance, dont fait partie l’un des agresseurs actuellement en prison». «Depuis quand une association prend-elle la défense d’un pédophile?», s’interroge-t-il.
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Sur place, Le360 a pu constater que les familles, ainsi que les accusés eux-mêmes encore en liberté, notamment la mère des enfants, ont aussi crié leur colère quant à la longueur du procès et ses nombreux retards, affirmant par ailleurs avec véhémence que les accusations lancées par les enfants ne sont que pure invention de leur père. Car selon eux, Ayoub aurait recouru à cette «ruse» afin de se soustraire au paiement d’une pension alimentaire à son ex-femme et mère de ses enfants…
Selon certaines sources consultées par Le360, il serait prévu qu’à la prochaine audience, la cour d’appel de Tanger conclura le cours du dossier, qui est désormais prêt à être débattu, et entrera en délibéré afin de rendre de nouveaux jugements à l’encontre de certains des prévenus, dont la mère des enfants, condamnée à deux ans de prison et une autre femme, condamnée quant à elle à trois mois de prison.