Arrêté en février 2018, Taoufik Bouachrine était poursuivi pour viol, harcèlement sexuel et surtout traite d’êtres humains vulnérables et abus de pouvoir pour exploitation sexuelle… Condamné une première fois à 12 ans de prison et à une amende de 200.000 dirhams en novembre dernier, ses avocats et ceux des plaignantes ont immédiatement interjeté appel. Le verdict est tombé ce vendredi, à 23 heures à la chambre criminelle de 2e degré de la cour d’appel de Casablanca: 15 ans de prison et quelque 3 millions de dirhams au profit des plaignantes, en plus de 300.000 dirhams d’amende.
Le quotidien que dirigeait Taoufik Bouachrine, Akhbar Al Yaoum, a consacré ses cinq premières pages de ce lundi au verdict final. Sous le titre "Un jugement au goût d’une condamnation à mort", ce quotidien arabophone a donné la parole à des hommes politiques et de la société civile. Ainsi, ce verdict est considéré comme "douloureux" par Abdelilah Benkirane (PJD), "triste et peu sage" d’après Mohamed El Achaâri (USFP), "contraire aux attentes" selon Nabil Benabdellah (PPS). Pour Hassan Aourid, il s’agit d’un "jugement qui rappelle les années de plomb"… Akhbar Al Yaoum a également consacré une page au "dernier mot" de Bouachrine devant les juges avant le prononcé du verdict. Cette sentence a aussi été mise en doute par le quotidien, qui énumère les nombreux vices de forme et de fond qui ont émaillé, selon lui, le procès de Bouachrine.
Pour leur part, Al Akhbar (qui a relaté cette affaire dans sa 4e page) et Assabah (au rez-de-chaussée de sa Une) se sont limités à rapporter strictement et sobrement les faits essentiels qui ont marqué l’ultime audience du prononcé du verdict. Assabah a toutefois retenu la "traite d’être humains" pour expliquer que c’est cette accusation qui est à l’origine de l’alourdissement de la peine de 12 à 15 ans de prison ferme.
Enfin, Al Ahdath Al Maghribia a choisi de traiter cette affaire à travers un long filet, dans la rubrique "Le mot d’Al Ahdath", illustré d'une photo-vignette de Bouachrine, filet qui a occupé toute la longueur de sa Une. Sous le titre "Ce que nous savons, ne savons pas et ne voulons pas savoir", Al Ahdath, tout en écrivant qu'il se "refuse à commenter une décision de justice", explique néanmoins que si la cour d'apel de Casablanca "a décidé d’augmenter la peine de Bouachrine de trois années supplémentaires, c’est qu’elle a de bonnes raisons de le faire".