Une ombre de mystère plane toujours sur les accusations graves émises par l’Union nationale de la santé affiliée à l’Union marocaine du travail à l’encontre de la direction du Centre hospitalier universitaire Ibn Sina à Rabat.
Le syndicat a demandé à la fois au ministère de la Santé et à la Cour des comptes d’ouvrir une enquête urgente et transparente sur ce qu’il qualifie de «graves dysfonctionnements et dérapages structurels» menaçant la qualité des soins, les finances publiques et l’intégrité de l’établissement, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 30 juin.
Dans un communiqué cinglant, la section syndicale représentant une large part du personnel médical et paramédical du centre dénonce «une accumulation inquiétante de manquements dans la gestion, affectant directement la qualité des services rendus aux patients, ainsi que les conditions de travail des équipes».
Au-delà des revendications classiques, le syndicat soulève désormais de sérieux soupçons de corruption administrative et financière.
Le document évoque notamment des contrats passés avec des entreprises privées sans justification objective et à des coûts excessifs.
Parmi ces contrats, figurent un partenariat avec un laboratoire privé ainsi qu’une convention relative aux services de blanchisserie industrielle avec une société en particulier, dont les conditions et modalités de gestion restent, selon le syndicat, opaques et entachées d’irrégularités.
Les irrégularités dénoncées concernent également les marchés publics liés au transport sanitaire, à la sécurité, à la maintenance des équipements médicaux, ainsi que des manipulations suspectes dans la gestion du laboratoire central de diagnostic, de la pharmacie, du bloc opératoire et de l’appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Le syndicat pointe également l’existence de listes fictives de bénéficiaires absents sur le terrain, qui profiteraient pourtant des programmes de formation continue et percevraient des indemnités hors cadre légal, traduisant un «dysfonctionnement alarmant dans la gestion des ressources publiques». Ces faits, estime le syndicat, relèvent de «crimes financiers et administratifs» nécessitant non seulement une enquête approfondie, mais aussi une mise en cause judiciaire en cas de confirmation.
Dans cette perspective, le syndicat exige une investigation transparente menée par l’inspection générale du ministère, la Cour des comptes et les autorités judiciaires compétentes, marquant un durcissement inédit de son ton vis-à-vis de la direction du centre.
Selon des sources syndicales, un rapport détaillé est en cours de finalisation, rassemblant données précises et preuves sur l’ampleur du désordre financier et administratif au sein de l’établissement.
Le Centre hospitalier universitaire Ibn Sina, l’un des plus grands établissements de santé du Royaume, regroupe plusieurs hôpitaux universitaires spécialisés et accueille chaque année des centaines de milliers de patients venant de tout le Royaume.
Il joue également un rôle clé dans la formation médicale et la recherche scientifique, ce qui confère une dimension particulièrement sensible aux accusations portées à son encontre.








