Dans une maison typique de Guelmim, là où le souffle du désert caresse les murs et où l’hospitalité est une seconde nature, Moubarak Doudjan prend place devant sa théière en argent ciselé. D’un geste sûr, il entame un rituel hérité des anciens: la préparation du thé sahraoui, véritable emblème de la culture du Sud marocain.
Avec calme et précision, il verse, fait mousser, puis fait tourner les verres dans un ballet immuable. «Nous utilisons les feuilles de thé appelées Atay Chaâra, confie-t-il. C’est l’une des meilleures variétés. Son prix est élevé, mais la qualité n’a pas de prix.»
Dans les vastes étendues du Sahara, le thé dépasse de loin le statut de simple boisson. Il est rite, refuge, respiration. «Préparer le thé, c’est le premier geste du jour, explique Moubarak. On le savoure plusieurs fois par jour. Il nous donne de l’énergie, mais aussi de la sérénité.»
Reconnaissable à sa force et à son arôme profond, le thé sahraoui doit aussi sa singularité à des ingrédients emblématiques, comme la gomme arabique du désert, qui y insuffle une note subtile et parfumée.
Mais plus encore que ses saveurs, c’est l’attention portée aux gestes qui en fait un art. «La propreté est essentielle, insiste Moubarak. Le moindre ustensile mal rincé peut en gâcher le goût.»
À Guelmim, comme dans l’ensemble des provinces sahariennes, le thé n’est pas qu’un plaisir gustatif: c’est un marqueur identitaire, un moment de partage, un lien vivant entre les générations. Chaque gorgée, doucement amère, murmure l’histoire d’un peuple enraciné dans le désert.








