1er mai: des milliers de manifestants dans les rues expriment leur grogne

Célébration de la Journée internationale du travail à Casablanca. (K.Sebbar/Le360)

Le 01/05/2025 à 18h25

VidéoLa Journée internationale du travail a été célébrée dans les différentes villes du Maroc. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, brandissant une multitude de revendications: augmentation des salaires, protection du pouvoir d’achat, respect des droits syndicaux, institutionnalisation du dialogue social…

À Casablanca, des milliers d’ouvriers, employés et retraités ont afflué, ce jeudi premier mai dès 9h du matin, vers l’avenue des FAR où se trouve le siège de l’Union marocaine du travail (UMT), et Derb Omar, à côté du siège de la Confédération démocratique du travail (CDT), pour la commémoration de la Journée internationale du travail.

Les manifestants ont clamé une multitude de revendications, dont essentiellement l’augmentation des salaires, la protection du pouvoir d’achat des classes défavorisées et le respect des droits syndicaux.

(K.Sebbar/Le360)

Ils ont vivement critiqué la manière dont la loi sur la grève a été adoptée, la jugeant incompatible avec l’approche privilégiée du Royaume qui donne la priorité aux droits de l’Homme et considère le droit de grève comme un droit garanti par la Constitution.

Dans un discours prononcé à cette occasion, le secrétaire général de l’UMT, Miloudi Moukharik, a appelé le gouvernement à assumer ses responsabilités pour revoir les salaires à la hausse en prenant en compte l’augmentation du coût de la vie. Il a souligné que la classe ouvrière n‘est pas derrière la crise économique et ne peut être tenue comme responsable des déséquilibres qui affectent certains secteurs.

À Agadir, les syndicats s’en sont pris au gouvernement, l’accusant de passivité face à une multitude de problèmes qui nécessitent une prise en charge pour leur apporter des solutions concrètes. Ils lui reprochent également l’adoption de lois qui entravent le droit de grève et de n‘avoir pas institutionnalisé le dialogue social.

Hafid Azayi, secrétaire régional de l’Union marocaine du travail (UMT) à Souss-Massa, a expliqué que la commémoration du 1er mai cette année intervient dans un contexte de tensions sociales dues à l’incapacité du gouvernement à répondre aux revendications de la classe ouvrière. Dans une déclaration pour Le360, le responsable syndical a ajouté que le syndicat se battra contre la loi sur la grève et le projet de réforme de la retraite.

(M.Oubarka/Le360)

De son côté, Ahmed Raji, secrétaire régional de la Fédération des syndicats démocratiques de Souss-Massa, a constaté l’absence de dialogue sectoriel dans un certain nombre de domaines, dont le secteur des collectivités locales, qui connaît un dialogue depuis plus de cinq ans sans succès.

Pour sa part, Abdelmajid Kobi, membre du bureau national de l’Union nationale des travailleurs marocains (UNTM), a confirmé, dans une déclaration pour Le360, que le syndicat avait exigé du gouvernement Akhannouch l’adoption d’une loi réglementant les syndicats, mais malheureusement, cet appel est resté sans suite. Kobi regrette également la non-institutionnalisation du dialogue social.

À Tanger, les slogans brandis par les participants, issus de divers syndicats, à la marche du 1er mai, portent sur plusieurs revendications liées essentiellement aux prix, notamment alimentaires, au pouvoir d’achat des citoyens, aux salaires, aux droits des travailleurs.

Ainsi, Salwa Demnati, députée de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, membre du groupe socialiste au Parlement, défilant avec la Fédération démocratique du travail (FDT), a pointé l’exacerbation sociale à propos de la cherté de la vie, la montée du chômage des jeunes qui dépasse 30% et la détérioration de la santé.

De son côté, Ahmed Berrahou du Parti de la justice et du développement (PJD) a dénoncé les restrictions imposées aux libertés syndicales et la pression exercée par certains patrons sur leurs employés pour les dissuader de participer à la commémoration du 1er mai et le gel des salaires.

(S.Kadry/Le360)

Pour sa part, Mohamed Souali de l’USFP a revendiqué l’adoption de la loi sur les syndicats pour instaurer le principe de la reddition des comptes dans ce domaine.

Cette marche a été, par ailleurs, marquée par une importante participation massive des ouvriers et employés des entreprises d’assainissement opérant dans la ville, notamment dans la zone de Bni Makada. Ils ont revendiqué notamment la régularisation de leur situation et l’amélioration de leurs conditions sociales. Idem pour les syndicats représentant le secteur de la santé à Tanger qui étaient nombreux à participer à cette marche.

À Marrakech, la commémoration de la Journée internationale du travail a été marquée par une forte participation de diverses classes populaires, notamment des employés des secteurs public et privé, des retraités, des jeunes et des organisations féminines.

Les manifestants ont notamment dénoncé «les politiques du gouvernement et ses atermoiements dans la mise en œuvre des accords sociaux antérieurs», «le manque de sérieux dans le dialogue social» et la «non-prise en charge des justes revendications de la classe ouvrière».

(M.Marfouk/Le360)

Zakaria Ait Ali Oumansour, secrétaire régional adjoint de l’UMT dans la région de Marrakech-Safi, a indiqué, dans une déclaration pour Le360: «Nous dénonçons les politiques impopulaires du gouvernement qui n‘ont pas respecté leurs promesses faites au mouvement syndical»

De son côté, Abdelfattah Zizi, secrétaire régional de la CDT dans la région Marrakech-Safi, a exprimé dans une déclaration similaire ses profonds regrets concernant «les atermoiements du gouvernement dans la mise en œuvre des accords des 29 et 30 avril, et les résultats des six rounds du dialogue social, qui sont restés lettre morte».

À Rabat, chacun des quatre syndicats (UMT, CDT, UGTM, UNTM) a tenu son propre meeting avant de défiler dans le centre-ville, près du Parlement, en scandant des slogans hostiles au gouvernement et en brandissant des pancartes réclamant la satisfaction de leurs revendications sociales.

En dépit d’une mobilisation relativement faible, les quatre syndicats régionaux ont lancé des slogans virulents contre le gouvernement d’Aziz Akhannouch, accusé notamment de «conflit d’intérêts», comme l’a affirmé Jamal Benchekroun, membre du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition) et sympathisant de l’Union marocaine du travail (UMT).

(Y.Mannan/Le360)

De son côté, Ouchout Aissa, responsable de la branche «petits commerces et épiciers» de l’UMT, a dénoncé l’hégémonie croissante des grandes surfaces, qui porterait préjudice «aux intérêts de l’épicier du coin». «Il est temps que le ministère du Commerce et de l’Industrie prenne nos doléances au sérieux et résolve nos problèmes», a-t-il martelé.

Un peu plus loin, les militants de la Confédération démocratique du travail (CDT) fustigeaient l’absence de résultats concrets à l’issue du dernier round de dialogue social avec le gouvernement.

Mohamed Bouzakiri, représentant de la CDT, a rappelé que de nombreuses catégories de fonctionnaires et de salariés «attendent depuis plusieurs années une amélioration de leurs conditions de travail, face aux tergiversations du gouvernement».

Les défilés se sont déroulés dans le calme, sous un dispositif de sécurité discret et parfaitement maîtrisé.

Par Fatima Zahra El Aouni
Le 01/05/2025 à 18h25