Invité dans une émission d’Open Box TV, Web TV fondée et dirigée par Alain Juillet, ex-directeur du renseignement à la Direction générale de la sécurité extérieure française (DGSE), et présentée comme un «atelier d’analyses stratégiques», Xavier Driencourt, ambassadeur de Paris à Alger sous les présidents français Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, a souligné que «chez les Marocains, il y a le sentiment qu’ils ont été lésés par la délimitation des frontières de la colonisation».
L’auteur de «L’énigme algérienne: chroniques d’une ambassade à Alger», paru en 2022 aux éditions de L’Observatoire, raconte qu’en fouillant dans les archives du Quai d’Orsay, où il s’était servi pour la rédaction de son deuxième livre sur les accords d’Évian, il est «tombé sur un entretien qui a eu lieu en avril 1962 entre le général de Gaulle et le roi du Maroc Hassan II». Lors de cette entrevue, qui s’était déroulée entre les deux chefs d’État après la signature des accords d’Évian et avant l’indépendance de l’Algérie, «de Gaulle interroge le souverain sur l’Algérie, et Hassan II lui répond qu’elle va être le cancer de l’Afrique».
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Au cours de cet échange, «le roi Hassan II demande à de Gaulle de rectifier les frontières au profit du Maroc tant que l’Algérie est encore française», complète Driencourt dans le même ordre d’idées. «Il lui dit que la carte de l’Algérie nous a lésés. Il faut rectifier les frontières de ce territoire français et nous redonner une partie du Sahara (oriental, NDLR)», rapporte-t-il.
«Le Sahara n’a jamais fait partie de l’Algérie», répond dans la même veine Alain Juillet, avant d’ajouter: «Il faut dire la vérité. Les Touaregs nous en veulent, et tout le monde nous en veut au Sud en disant que cette partie n’a jamais été l’Algérie. Si on n’avait pas donné à l’Algérie cette partie du Sahara qui va jusqu’à la frontière du Mali, du Niger et du Tchad, on n’en serait pas là».
«Il y a eu la volonté de De Gaulle d’essayer de garder le Sahara où l’on venait de découvrir du pétrole, avant d’en faire une zone internationale partagée entre les pays limitrophes. À la fin, c’est l’Algérie qui a raflé la mise», conclut Driencourt à propos de ce volet.