Généralement, c’est le genre d’information qui suscite une vague de réactions favorables chez le voisin de l’Est. Mais celle-ci a été passée sous silence. La machine à propagande aurait dû y trouver matière à alimenter briefs, discours et messages favorables à la thèse séparatiste. Pourtant, il n’en a rien été. La visite effectuée du 27 au 29 mars à Tindouf, fief du Polisario en terres algériennes, par l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, John Desrocher, n'a quasiment pas fait couler d'encre.
Une visite "humanitaire"Les rares supports algériens à s’être aventurés à relayer timidement le déplacement, et citant le communiqué de l’ambassade US, parlent d’une visite entrant dans un cadre "humanitaire". Et c’est à ce seul titre que les Etats-Unis ont accordé 8,5 millions de dollars en aide aux populations des camps depuis l’année dernière. Pourquoi donc tant de gêne à diffuser de telles informations?
Exit Bir LahlouEn publiant un communiqué de presse, l’ambassade américaine apporte bien des réponses et recadre le sens et la portée de ce déplacement. Le premier élément est le choix même du lieu de la visite. C’est à Tindouf, en Algérie, que la visite a eu lieu. Et d’aucuns savent que l’Algérie accueille, finance et supporte le front séparatiste. Seulement, nous sommes loin de Bir Lahlou, localité se trouvant dans la zone tampon, mais dont le Polisario voudrait faire sa capitale.
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Aucun représentant du Poliario rencontréLe communiqué nous apprend également que l’ambassadeur Desrocher a rencontré les responsables locaux "algériens" et s’est entretenu avec "des représentants des Nations unies et des ONG» ainsi qu’avec des représentants de la population". Comprenez donc qu’il n’a rencontré aucun représentant officiel du Polisario. Autant dire que le front séparatiste était le grand absent de cette activité.
L'ONU sinon rienLast but not the least, c’est la position américaine exprimée dans le même document. Le communiqué de l’ambassade américaine à Alger affirme enfin que les États-Unis "soutiennent fermement le processus de négociations mené par l’ONU et espèrent qu’il aboutira à une solution". Nous sommes donc toujours dans le cadre onusien, le seul et unique à pouvoir abriter toute issue possible au conflit et nous sommes loin de la volonté, de l’Algérie et du Polisario, de vouloir élargir les négociations à d’autres parties, comme l’Union européenne et l’Union africaine. La déception d’Alger et le silence, a priori étonnant, de ses relais, prennent ainsi tout leur sens.
Quand on sait que le Conseil de sécurité vient d'opposer un niet catégorique aux tentatives d'élargissement des consultations sur le Sahara menées par le nouveau représentant spécial du SG de l'ONU, Horst Köhler, la déception d'Alger n'en est que plus cuisante.