Vivement critiqué par le PAM, son allié, le RNI, rattrapé par ses logiques partisanes

Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme.

Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme.

Revue de presseDans la Région de Béni Mellal-Khénifra, la façade de l’unité gouvernementale s’est fissurée, lors d’un débat sur la régionalisation avancée. Plusieurs figures du PAM ont vivement critiqué des ministres du RNI, accusés d’entraver le développement local, à des fins partisanes. Dans l’œil du cyclone: la ministre du Tourisme, accusée de bloquer volontairement des projets dans cette Région. Un épisode qui révèle les tensions croissantes au sein de la majorité. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 15/06/2025 à 19h24

Le vernis de la coalition gouvernementale s’est brusquement craquelé, dans la Région de Béni Mellal-Khénifra.

Lors d’une rencontre organisée par le Parti Authenticité et Modernité (PAM) autour du thème de la régionalisation avancée, les critiques ont fusé de toutes parts contre les ministres issus du Rassemblement national des indépendants (RNI), accusés d’«entraver délibérément le développement régional pour des motifs partisans», indique le quotidien Assabah, dans son édition du lundi 16 juin.

La ministre du Tourisme a particulièrement concentré les tirs groupés à son endroit.

Adel Barakat, président de la région et figure montante du PAM, a fustigé son attitude jugée méprisante envers les collectivités locales.

Selon lui, la ministre aurait volontairement bloqué «une convention cruciale pour le développement touristique régional», refusant jusqu’à une simple audience pour en discuter les termes.

Une posture interprétée comme un mépris institutionnel doublé d’un calcul électoral: elle n’a même pas consenti à débloquer deux dirhams pour la région», a ironisé Adel Barakat, évoquant une «logique de punition territoriale sous couvert de gestion administrative».

Cette sortie n’est pas isolée. Elle illustre une grogne de plus en plus palpable contre une partie des ministres RNI, accusés de faire primer leur agenda politique sur l’intérêt général, écrit Assabah.

Adel Barakat a, en parallèle, salué l’attitude de Fatima-Zahra Mansouri, ministre PAM, qui, selon lui, répartit équitablement les projets sans considération partisane, à rebours de l’attitude «discriminatoire» de certains de ses collègues.

L’ambiance a été encore plus électrique avec l’intervention de Hicham El Mahjoubi, tout juste réintégré au bureau politique du PAM, qui a dénoncé, sans le nommer, le secrétaire d’État chargé de l’Artisanat, Lahcen Saâdi (RNI), pour son ascension jugée «opportuniste».

Selon lui, la direction d’un parti ne se gagne ni par la flatterie ni par le culte du chef, mais par le militantisme de terrain et le combat politique.

Une critique à peine voilée d’une certaine dérive clientéliste incarnée, selon lui, par certains jeunes cadres du RNI.

L’événement, marqué par une forte présence de figures nationales du PAM, a été l’occasion pour plusieurs d’entre celles-ci de dénoncer une gouvernance centralisée, opaque et marquée par des logiques de favoritisme.

Les attaques n’ont pas épargné le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, pointé du doigt pour sa gestion jugée «déconnectée des réalités locales».

Face à ces critiques, deux ministres PAM présents, Younes Sekkouri (Emploi) et Adil Benbrahim (Logement), ont, eux, adopté un ton plus apaisé, livrant des exposés techniques sur la régionalisation, loin de toute posture polémique.

Ce tir groupé contre les ministres du RNI révèle une fracture, plus profonde, au sein de la majorité.

Derrière le vernis de la solidarité gouvernementale, les frustrations locales et régionales prennent de plus en plus la forme d’accusations directes.

La coalition, certes, est numériquement stable, mais politiquement sous tension, conclut le quotidien.

Par Imane Idrissi
Le 15/06/2025 à 19h24