Quelle lecture faites-vous des relations actuelles entre le Maroc et la France ?
Ce qui fonde les relations entre nos deux pays, ce sont d’abord les relations humaines entretenues aussi bien par les Marocains qui sont en France que par les Français qui sont au Maroc. C’est pour cette raison que la crise des visas a été incompréhensible et véritablement scandaleuse. En empêchant l’accès aux visas à des populations qui ont un besoin réel de circulation entre nos deux pays, on a cassé la confiance de ces populations. Des populations francophiles et francophones qui, jusque-là, circulaient entre les deux pays sans le moindre problème. Cela a aussi réduit les possibilités de circulation pour des entrepreneurs des deux bords.
Maintenant, il s’agit de reconstruire cette confiance et, surtout, de faire en sorte que ce type de crise n’ait plus lieu à l’avenir. Certains diront que ce n’était qu’un malentendu ou une mésaventure. Je pense au contraire que c’était une décision grave, scandaleuse, qui a eu des conséquences désastreuses.
Je me suis battu à l’Assemblée nationale pour que ces fameuses sanctions à l’égard des trois pays du Maghreb soient levées. Et je ne serai pas seulement pour qu’elles soient levées. Je pense qu’aujourd’hui, il faut aller plus loin et réfléchir à ce qu’on peut proposer comme mode particulier de circulation à ces trois pays du Maghreb et à leurs ressortissants.
La politique étrangère menée par le président français a été beaucoup critiquée. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que vous faites surtout allusion aux relations avec le Maroc, mais ces critiques ne se limitent pas à ce seul pays. La circonscription à laquelle je me représente comprend le Maroc, l’Algérie, le Mali et le Burkina Faso. Et vous pouvez tirer vous-même le bilan de la politique étrangère de la France, et donc du président, dans cette circonscription.
Concernant le Maroc, je pense qu’il y a une vraie inquiétude. Je n’ai jamais connu des relations aussi dégradées entre les deux pays que depuis que la réélection du président en 2022. C’est une première dans les relations franco-marocaines, et il va falloir en tirer les conséquences.
Quand on prend la thématique de la transition énergétique, qui est une thématique assez essentielle pour mon groupe (la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) – gauche, NDLR), et qui est de toute façon une thématique centrale pour toute personne qui s’intéresse à la politique et à la gestion de la chose publique, le Maroc est un partenaire évident. Surtout, quand on voit tout le travail qui a été fait par le Royaume ces 20 dernières années en matière de transition énergétique.
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Ensuite, il y a d’autres thématiques, comme la thématique sociale. Au moment où le gouvernement s’emploie à démanteler le système de protection sociale que nous avons en France, le Maroc est au contraire en train d’en installer un véritable. Sur ce plan aussi, je pense que le Maroc est un interlocuteur évident.
Et je pourrais continuer ainsi sur plusieurs autres questions sur lesquelles les discussions me semblent assez évidentes avec le Maroc, notamment parce que toutes ces questions-là sont centrales pour nos deux pays.
La détérioration de ses relations avec le Maroc a-t-elle également impacté les relations de la France avec le reste de l’Afrique ?
La question de la politique africaine de la France est liée à ce que nous voulons faire avec ce continent, comment nous voulons le faire et avec quels moyens. Or, comme on le sait, en France, nous avons démantelé et déstructuré tout notre outil de coopération, qui n’est plus, à mon sens, adapté à nos relations avec les pays africains.
Durant les 15 dernières années, nous ne nous étions pas donné les moyens de notre coopération avec l’Afrique. Ce sont ces moyens qu’il faudra restaurer, afin de reconstruire de véritables liens de partenariat avec les différents pays africains. Je pense que c’est une vraie question à laquelle il faudra répondre: comment se doter aujourd’hui des moyens de notre coopération future avec l’Afrique?
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Ensuite, le Maroc me paraît être là aussi un partenaire évident pour reconstruire cette relation avec l’Afrique. On connaît la place qu’occupe le Maroc aujourd’hui, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Il me semble tout à fait naturel pour la France de travailler avec le Maroc sur cette partie-là du continent, et même au-delà.
Si vous êtes réélu, comment comptez-vous travailler au renforcement des relations Maroc-France ?
Concrètement, la loi Asile et migration, qui est actuellement examinée au Sénat, sera bientôt abordée au Parlement. Cette loi est à mon sens véritablement scandaleuse, parce qu’elle va tendre à entraver encore une fois la fluidification des circulations. Donc il va falloir, dans les prochaines semaines, mener la bataille contre le contenu de cette loi à l’Assemblée nationale.
Ensuite, s’agissant de ce que nous pouvons construire ensemble. Au sein du groupe d’amitié France-Maroc, il faudra pouvoir poser sur la table un certain nombre de sujets sur lesquels le Maroc est un partenaire évident, les faire connaître et les porter entre collègues français et marocains. Cela participera, j’en suis convaincu, à reconstruire la confiance entre nos deux pays et nos deux populations.