Une thèse de doctorat soutenue à Paris en 1974, consacrée au contentieux territorial entre le Maroc et l’Espagne, va très vite le propulser sur le devant de la scène. Très jeune, il a été impliqué directement dans la gestion du dossier du Sahara. Rachid Lazrak faisait partie de la délégation qui a défendu la cause marocaine à la Cour internationale de la Justice (La Haye) en 1975.
Fin connaisseur des rouages juridiques de cette affaire, Lazrak relève que le Maroc, depuis son indépendance, n’a cessé de revendiquer sa souveraineté sur le Sahara, rappelant au passage les manœuvres de l’Espagne qui a longtemps tergiversé avant de pousser les Nations unies à soulever le droit d’autodétermination par voie de référendum.
Pour débloquer la situation, dit-il, le Maroc a accepté le référendum en 1986, tout en attirant l’attention des Nations unies sur les difficultés liées à l’identification des populations habilitées à y participer.
L’initiative de Jamed Baker est venue ensuite proposer une large autonomie sous la souveraineté marocaine, sauf que ce plan a été refusé par l’Algérie et le Front Polisario. Devant ce blocage, le Maroc a présenté en 2007 au secrétaire général des Nations unies une proposition de plan de large autonomie. Depuis 2007 et jusqu’en 2020, le Conseil de sécurité déclare prendre note de cette proposition en se félicitant des «efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement».
«Il faut être soit aveugle, soit de mauvaise foi, pour ne pas comprendre que le Conseil de sécurité voudrait résoudre le problème du Sahara, en abandonnant définitivement l’option du référendum à la faveur de la solution de large autonomie préconisée par le Maroc», souligne Lazrak.
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Interrogé sur la position du gouvernement espagnol qui a brillé par son absence lors de la conférence de soutien au plan d’autonomie, tenue le vendredi 15 janvier dernier à l’initiative du Maroc et des Etats-Unis, l’invité de Studio Le360 estime que cela relève d’une attitude contradictoire: d’un côté, l’Espagne déclare entretenir de meilleures relations avec le Maroc (lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine). De l’autre, contrairement à la France, l’Espagne n’arrive pas à admettre que le statut d’autonomie est la seule solution crédible au problème du Sahara.
S’agissant de la position des Etats-Unis qui, via un décret présidentiel signé par Donald Trump, a reconnu la marocanité du Sahara, Lazrak affirme que Washington n’a fait que dire tout haut ce que pensent les autres Etats et le Conseil de sécurité.
Même si, d’un point de vue juridique, Joe Biden peut revenir sur cette décision, Rachid Lazrak exclut le scénario d’une annulation du décret présidentiel signé par Donald Trump, en rappelant les relations solides et exceptionnelles entre le Maroc et les Etats-Unis, établies depuis plus deux siècles.