Intervenant dans le cadre d'un panel, ayant pour thème les «Perspectives économiques et politiques dans le contexte de la montée de la Chine», Salaheddine Mezouar, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), est revenu sur les transformations politique et socio-économiques que traversent la région du Maghreb, avec notamment le mouvement de contestation pacifique en Algérie et la présidentielle tunisienne marquée par un second tour où deux candidats anti-système s’affrontent.
Avec les changements qui se profilent à l’horizon, le patron des patrons marocains s’est dit très optimiste quant à l’avenir du Maghreb arabe. Un ensemble de pays dont la reconstruction va contribuer au développement de la région et contribuer à la résolution des crises régionales de part sa position stratégique, ses potentialités et ses atouts. «Un Maghreb fort est important pour la stabilité au Sahel», a t-il souligné, faisant allusion à la grave crise sécuritaire que traverse cette région à cause du terrorisme.
Par ailleurs, contrairement aux Européens qui s’opposent à l’«impérialisme» chinois, Mezouar a salué la montée en puissance de la Chine et de la vision du géant chinois pour l’Afrique. Le patron des patrons plaide pour un partenariat Chine-Afrique gagnant-gagnant.
Allant dans le même sens, le ministre et conseiller spécial du Premier ministre d’Ethiopie, Arkebe Oqubay, a souligné l’importance de la montée de la Chine qui redistribue les cartes et les règles du jeu en jetant les bases d’un nouvel ordre économique mondial qui pourrait être plus bénéfiques au continent africain.
Toutefois, la guerre commerciale qui a actuellement cours entre les Etats-Unis et la Chine pourrait freiner l’élan des pays africains, comme c’est le cas pour de nombreux pays du globe.
C’est ce qui arrive tout particulièrement à la Corée du Sud, qui a fortement profité de l’ordre économique libéral de l’après-Seconde Guerre mondiale, pour assurer son décollage économique et qui, comme l’a souligné Il SaKong, président honoraire de l’Institute for Global Economics, ancien ministre des Finances de la république de Corée, fait aujourd’hui face à une conjoncture économique difficile.
Le pays devrait voir son PIB croître de l’ordre de 2% seulement cette année. Pour lui, la guerre commerciale ne pourrait que s’aggraver, sachant que la Chine, qui aspire à devenir la première puissance économique mondiale à l’horizon 2030, ne cèdera pas face aux pressions américaines. Or, à eux deux, ces deux pays représentent quasiment 40% du commerce mondial.
En conséquence, souligne-t-il, les impacts de cette guerre sur la demande chinoise de matière première va négativement impacter les pays exportateurs de ces produits, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne.