Dans cette interview, Saaïd Amzazi n'a pas pris de gants, et déballe tout au sujet de cette une grève sauvage qui hypothèque l’avenir de millions d’élèves.
Il a répété que la page de la contractualisation a été définitivement tournée. En d'autres termes, il n'existe plus d'enseignants contractuels, mais seulement des enseignants cadres.
Revenant à la genèse de cette vaste opération de recrutements d'enseignants qui concerne 70. 000 personnes, Saaïd Amzazi rappelle que la philosophie fondatrice de cet appel aux enseignants a consisté à combler, d'une part, un manque en cadres du ministère, après les départs massifs à la retraite et, d'autre part, à lutter contre la surpopulation des classes, surtout en milieu rural, dont certaines sont bondées avec jusqu'à plus de 60 élèves en cours.
Le désir d'être muté dans une autre région est, de fait, la pierre angulaire de ce mouvement que mènent les enseignants cadres. Cette revendication ne peut aboutir, car elle met en péril, selon le ministre, le processus de régionalisation et celui de la décentralisation, et sape, par là même même l'esprit qui a présidé au lancement du recrutement de ces 70 000 enseignants.
En effet, si un enseignant à Errachidia veut à tout prix rejoindre Rabat après un an de service, on revient à la case de départ. Une situation inacceptable, selon Saaïd Amzazi.
Sur le plan des pensions de retraite, Saaïd Amzazi démonte une autre allégation: sous peu, toute la famille de l’Education nationale aura droit au même régime.
En effet, le régime des pensions de retraite des enseignants cadres et celui des enseignants de la fonction publique seront unifiés au sein d'une une même caisse "d’ici trois à quatre ans" affirme le ministre, ce qui ne devrait pas poser de problèmes pour des salariés qui atteindront l'âge de la retraite dans 30 ans.
Cette revendication constitue donc un faux problème pour le ministre.
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Et il n’y a pas que cela.
Le ministre tient par ailleurs à saluer ces femmes et ces hommes de la famille de l’Education nationale qui n’ont pas déserté leurs postes, préférant préserver leur mission de service public et donc privilégiant l’intérêt des élèves.
En effet, des dégâts, il y en a eu. «Des millions d’heures [de cours magistral, Ndlr] ont été perdues à cause de cette grève et notre premier souci est de rattraper cet immense retard», indique Saaïd Amzazi.
Et ces dégâts essentiellement ont touché les établissements en milieu rural, pour lesquel l’Etat a mis en place une politique de «discrimination positive», en recourant, dans un premier temps, au système de contractualisation.
S'exprimant au nom du gouvernement dont il est membre, le ministre de l’Education nationale affirme que les autorités ne resteront pas les bras croisés à face à cette situation intenable.
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Il a clairement brandi la menace de faire appel aux réservistes, soit des milliers de candidats à l'enseignement, restés sur les listes d’attente, et qui ne demandent qu’à abandonner leur statut de diplômés au chômage.
«Nous userons de tous les moyens pour préserver le droit des élèves à l’éducation», a fermement martelé Saaïd Amzazi.