Education: les enseignants contractuels hypothèquent l’avenir d’un million d’élèves en milieu rural

DR

Revue de presseKiosque360. La grève des enseignants contractuels perdure et provoque l’ire des parents d’élèves. Beaucoup de voix se sont élevées pour réclamer la fin de ce bras de fer qui hypothèque l’avenir d’un million d’élèves dans le milieu rural. Le spectre d’une année blanche est de plus en plus redouté.

Le 25/03/2019 à 19h08

Malgré plusieurs concessions accordées par le ministère de l’Education nationale aux enseignants contractuels, ceux-ci ont repris, de plus belle, leur grève pour réclamer leur intégration à la fonction publique. Les sit-in, les marches de protestation dans plusieurs villes ainsi que le campement non autorisé devant le Parlement, à Rabat, ont redoublé d’intensité. Une persistance qui commence à jouer contre eux puisque plusieurs associations de parents d’élèves, ainsi que l’Association marocaine pour la protection du consommateur, ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’avenir de leurs enfants. La majorité de la presse nationale relaie les plaintes de parents d’élèves qui refusent que leurs enfants soient pris en otage par un conflit syndical. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia publie, dans son édition du mardi 26 mars, une photo parlante qui montre plusieurs élèves portant leurs manuels en réclamant: «nous voulons étudier». Un appel adressé au ministère de tutelle, bien sûr, mais aussi et surtout aux enseignants grévistes auxquels ils demandent de faire prévaloir l’intérêt général sur les revendications personnelles.

Le quotidien Al Akhbar est plus catégorique quand il évoque ce sujet dans son édition du mardi 26 mars. Il titre sans détour: «l’avenir des millions d’élèves dans le monde rural est hypothéqué». Une focalisation sur le monde rural qui n’est pas fortuite puisque le gouvernement a procédé au recrutement des contractuels pour pallier, justement, le manque flagrant d'enseignants dans les zones les plus éloignées et les plus escarpées. Autant dire, ajoute le même journal, que le bras de fer entre 55.000 enseignants contractuels et le gouvernement El Othmani risque de faire perdre à des milliers d’élèves toute une année scolaire.

Selon certaines sources, le nombre d'élèves touchés par cette grève ouverte s’élève à un million d’écoliers, collégiens et lycéens de divers niveaux dans les 12 académies régionales. Près de 80% des élèves menacés par une année blanche sont des enfants du monde rural et du Maroc profond. Les mêmes sources révèlent que les enseignants contractuels ont fermé les classes et les écoles où ils exercent pour «faire le pont» avec les vacances de début mars en attendant, disent-ils, d'être intégrés dans la fonction publique.Une situation qui a suscité l’ire des parents d’élèves et de plusieurs observateurs. Le communiqué de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves (FNAPEM) est on ne peut plus explicite sur ce sujet: «nous exprimons notre refus catégorique de voir nos enfants pris en otage dans n’importe quel conflit revendicatif et exploités par les mouvements de protestations. Nous tenons à ce que nos enfants bénéficient de tout leur temps scolaire. Nous appelons toutes les parties à mettre l’intérêt supérieur des élèves et de la nation au dessus de toute autre considération».

De son côté, l’Association marocaine pour la protection du consommateur est tout aussi catégorique: «Nous exprimons notre préoccupation face à l’évolution des événements que connaît l’enseignement au Maroc. Nous redoutons les conséquences négatives de ces tensions sur les élèves, les familles et le système de l’enseignement d’une façon générale». Ce faisant, l’Association appelle tous les acteurs dans le secteur de l’enseignement à éviter toute perte du temps scolaire en préservant l’intérêt de l’élève. Et ladite association de tirer la sonnette d’alarme: «Il faut éviter une année blanche et protéger les élèves et leurs parents, qui constituent le maillon faible dans cette confrontation ».

Autant dire que tout le monde exprime ses inquiétudes face à la tournure prise dans le différend qui oppose une catégorie de la famille de l’enseignement au ministère de l’Education nationale.

Par Hassan Benadad
Le 25/03/2019 à 19h08