Un vrai séisme politique au Maroc, surtout pour les islamistes, qui viennent d'essuyer une cuisante défaite, après une montée en puissance qui aura duré deux décennies. Après dépouillement de 96% des suffrages, le ministère de l'Intérieur a en effet annoncé aux premières heures de ce jeudi 9 septembre 2021 que le RNI est arrivé en tête aux élections législatives avec 97 sièges.
Le parti que dirige Aziz Akhannouch, désormais pressenti pour devenir le chef du gouvernement désigné, est directement suivi par le PAM avec 82 sièges, l'Istiqlal avec 78 sièges, l'USFP (35 sièges), le MP (26 sièges), le PPS (20 sièges), l'UC (18 sièges).
Tout en bas du classement, le PJD se retrouve pourvu de 12 sièges seulement, soit autant de sièges qui ont été remportés par le reste des partis ayant pris part à ce scrutin.
Le fait le plus marquant de ce scrutin restera sans conteste dans les mémoires: la défaite cuisante subie par Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du PJD, chef du gouvernement sortant, dans la circonscription de l'Océan, à Rabat.
Avec à peine 4.000 voix, le leader islamiste est arrivé en cinquième position et n'a pas réussi à décrocher un siège à la Chambre des représentants. Dans cette même circonscription de la capitale, le candidat à être arrivé premier en termes de voix remportées est, avec 16.000 voix, Abderrahim Ouasla (RNI). Le second à avoir remporté un siège au Parlement est Mehdi Bensaïd (PAM), avec 10.000 voix, et quant au troisième, il s'agit de Abdelilah Bouzidi Idrissi (Istiqlal) avec 4.500 voix. Un candidat du Mouvement Populaire (MP) a lui aussi réussi à remporter le quatrième siège de cette circonscription, avec 4.290 voix.
Au Maroc, la page des islamistes au gouvernement, matérialisés par le PJD et son bras idéologique, le MUR, semble bel et bien tournée. Fait qui n'a pas trompé: certains de leurs caciques, candidats à ces législatives, ont été chahutés lors de la campagne électorale, sur le terrain, par un électorat en colère, à commencer par exemple par El Othmani lui-même à Rabat, Bouanou à Meknès ou encore El Azami à Fès... Conspués avant même le verdict des urnes, il devenait dès lors évident que le PJD n'allait pas sortir vainqueur de ces élections. Mais personne n'a pu mesurer le degré de l'impopularité de ce parti aux rangs ordonnés et au référentiel clairement islamiste, rendu exsangue par dix ans aux commandes gouvernementales.
Avec à peine 12 sièges, le PJD aura désormais bien du mal à faire entendre sa voix dans l'opposition.
Quant à Aziz Akhannouch, il vient de réussir haut la main son pari de sortir vainqueur de ces élections. Au RNI de composer une majorité, avec des compétences qui pourront relever les défis auxquels sera confronté le Royaume.
Les félicitations que lui a adressées Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM, pour la victoire du RNI à ces élections du 8 septembre laissent donc supposer que le parti ayant un tracteur pour emblème, prendra part à un gouvernement conduit par celui ayant adopté l'image d'une colombe comme signe distinctif.