Il est 18h30, les rues du royaume sont toutes désertes ou presque. Les yeux sont suspendus aux écrans de télévision. Il règne un silence religieux dans les foyers des Marocains. Un discours historique sera diffusé en direct à partir de Dar Brihi, siège r'bati de la première chaîne de radio et de télévision marocaine (RTM). Soudain, une apparition épiphanique. Celle de Hassan II qui ouvre le bal avec cette célèbre et tendre formule: « Cher peuple… ».
«Le monde entier a reconnu que le Sahara était en notre possession depuis très longtemps. Le monde entier a reconnu qu’il existait des liens entre le Maroc et le Sahara qui n’ont été altérés que par le colonisateur (…). Il ne nous reste qu’à entreprendre une Marche pacifique du nord au Sud (…) pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères», annonce Hassan II.
A l’autre bout de l’écran, les coeurs s’enflamment. Le monde entier retient son souffle. Et pour cause, l’initiative est à nulle autre pareille. Comment un pays peut-il récupérer une partie coloniséé de son territoire sans avoir à tirer une seule balle? Comment un pays peut-il ramener dans son giron une partie spoliée de son territoire sans la force des armes et rien qu’avec des rameaux d’olivier, un Coran et un drapeau à la main?
Angélisme? Utopisme? La réplique ne se fera pas attendre. Le 6 novembre 1975, dès le lever du jour, 350.000 citoyens, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, traversent le désert pendant plusieurs jours, enlèvent les barbelés dressés par le colon espagnol et arborent le drapeau rouge et vert. La Marche Verte est ainsi restée, et restera jusqu’à la fin des temps, inscrite en lettres d’or dans les annales de la lutte anti-coloniasme des peuples.
Quarante et un ans se sont écoulés depuis l'annonce de cette initiative géniale. Elle continue d'inspirer la Marche du peuple marocain pour le parachèvement de son intégrité territoriale et la poursuite de l'édification d'un Etat résolument tourné vers le progrès et la démocratie sous la conduite éclairée du roi Mohammed VI.