Les révélations, fracassantes, sont faites par le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 3 juillet.
Une affaire très grave impliquant plusieurs parlementaires marocains dans une affaire de distribution abusive de «bons d’importation» destinés à l’importation de moutons vient d’éclater.
Ces élus, sans aucun lien avec le secteur agricole ou l’élevage, ont bénéficié de ces bons grâce à une décision de Mohamed Sadiki, ancien ministre de l’Agriculture, de la Pêche et du Développement rural.
«Au lieu d’utiliser ces bons pour importer effectivement des moutons, ces parlementaires ont préféré revendre ces droits d’importation à des intermédiaires connus dans l’importation de bétail, notamment dans la région de l’Oriental. Cette pratique a permis à plusieurs élus d’engranger des millions de dirhams sans fournir le moindre effort ni investir dans l’importation réelle», écrit-on.
Ce scandale soulève une grave question d’éthique à l’encontre de l’institution parlementaire, devenue un lieu de profits privés illégitimes.
Sur le plan institutionnel, le bureau de la Chambre des représentants freine toujours la mise en œuvre d’une commission d’enquête parlementaire, malgré l’insistance de certains groupes politiques pour qu’elle soit lancée, a-t-on aussi écrit.
L’opposition notamment rejette cette initiative, ce qui suscite des interrogations quant aux raisons profondes de ce blocage, laissant planer l’hypothèse d’intérêts occultes au sein même de ses rangs, à l’image de ce qui a été observé chez certains députés de la majorité.
Selon des sources gouvernementales citées par Assabah, un ministre du gouvernement Akhannouch a pris l’engagement de poursuivre en justice toutes les personnes ayant enfreint la loi et détourné des fonds publics dans ce dossier.
Lors d’une réunion interne, ce ministre a affirmé avec fermeté: «Nous sommes un pays de droits et d’institutions. Quiconque viole la loi devra en répondre».
Il restera à traduire ces paroles en actes.
En attendant, Abdessamad Haiker, député du Parti de la Justice et du Développement, a relancé le dossier en révélant que, jusqu’en octobre dernier, le soutien financier lié à ce système d’importation avait atteint un montant global de 13 milliards de dirhams, dont plus de 80% ont profité à seulement 18 bénéficiaires.
Il a également indiqué que 40% des entreprises impliquées avaient été créées spécialement pour profiter de ce soutien, avec des marges bénéficiaires atteignant jusqu’à 40 MAD par kg de viande rouge.
Ce dossier reste donc ouvert et continue de faire polémique, notamment en raison de l’inefficacité du soutien gouvernemental à l’importation des animaux d’élevage et d’abattage.
Sur ce dernier volet, l’opposition a réclamé la formation d’une commission d’enquête, mais n’a pas réussi à réunir le quorum nécessaire, tandis que la majorité a opté pour une mission d’investigation encore en attente de validation par le bureau de la Chambre des représentants, ajoute le quotidien.








