Vers un soutien sino-russe à la marocanité du Sahara?

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping lors de leur rencontre à Pékin, le 16 mai 2024

Revue de presseUn récent rapport de l’International Migration Institute (IMI) anticipe une évolution majeure sur la scène diplomatique internationale: la Chine et la Russie seraient en passe d’apporter leur soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara. Une dynamique géopolitique qui s’inscrit dans un contexte de réalignement stratégique mondial où le Royaume renforce sa position, en tant qu’acteur incontournable en Afrique du Nord. Une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 30/06/2025 à 18h27

Dans un rapport récemment publié, l’International Migration Institute (IMI) met en lumière une avancée potentielle de la diplomatie marocaine: la Chine et la Russie pourraient bientôt rejoindre le cercle des pays soutenant le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara.

Le Royaume bénéficie aujourd’hui d’un positionnement stratégique et politique clé en Afrique du Nord, ce qui lui permettrait de rallier deux puissances majeures à sa cause, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 1er juillet.

Le rapport souligne que le Royaume, perçu comme l’un des États les plus stables du Maghreb, a d’ores et déjà obtenu un appui inconditionnel des États-Unis.

Une prise de position qui, selon l’IMI, pourrait pousser Pékin et Moscou à adopter une posture similaire.

La convergence des intérêts économiques et géostratégiques entre le Royaume et la Chine est mise en avant comme un levier majeur.

Pékin, qui intensifie sa coopération avec Rabat, semble intégrer le Royaume dans sa stratégie d’expansion globale, notamment via l’Initiative de la Ceinture et de la Route (BRI).

Le forum sino-africain tenu en septembre 2024 en est une illustration: la Chine y a exclu le représentant du Polisario, tout en affirmant ne pas reconnaître la prétendue «République de Tindouf».

Dans le même esprit, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a précisé que seuls 53 pays de l’Union africaine avaient été invités, à l’exception notable de l’Eswatini, en raison de sa reconnaissance de Taïwan, que Pékin considère comme une atteinte à sa souveraineté.

Cette logique de non-reconnaissance des entités séparatistes semble s’appliquer également à la question du Sahara.

Par ailleurs, “l’ambassadeur chinois au Maroc a évoqué un «suivi rapproché» de ce dossier, en mentionnant l’envoi régulier de rapports à Pékin contenant des propositions constructives”, écrit-on.

L’escale du président Xi Jinping à Casablanca, au retour du sommet du G20, a également été interprétée comme un signe fort de rapprochement, réaffirmant la volonté des deux pays de se soutenir mutuellement sur leurs intérêts fondamentaux.

À l’instar de la Chine, la Russie semble elle aussi reconsidérer sa position sur le Sahara.

Forte de ses ambitions au Sahel et dans le Sahara, Moscou voit dans le Royaume un partenaire stratégique.

Cette tendance est renforcée par le recul diplomatique de l’Algérie, notamment suite à ses tensions avec le Mali et le Niger, relaie Al Ahdath Al Maghribia.

Avant même de se positionner officiellement, la Russie avait déjà exclu le Polisario du dernier sommet russo-africain.

Plus récemment, elle a signé un nouvel accord de pêche incluant les eaux territoriales des provinces du Sud, un geste diplomatique fort.

De nouvelles négociations sont prévues, suggérant une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur ces provinces.

Par Hassan Benadad
Le 30/06/2025 à 18h27