Les chances du Maroc d'abriter une unité de production du vaccin chinois, en vue de son exportation vers l’Afrique, se seraient-elles évaporées? La Chine aurait-elle failli à ses engagements dûment inscrits dans l’accord signé l’été dernier et sur lequel ont apposé leur paraphe trois ministres marocains, Khalid Ait Taleb de la Santé, Nasser Bourita des Affaires étrangères et Moulay Hafid Elalamy de l’Industrie et du commerce? Le quotidien Assabah estime que oui. Dans son édition du jeudi 11 mars, le quotidien rappelle que la construction de l'unité de fabrication du vaccin en question est compromise. Elle devait initialement démarrer en ce mois de mars à Tanger-Tech.
Or, rien ne s'est fait, souligne le quotidien qui fait également état de l’intention des parlementaires de convoquer les trois membres du gouvernement pour les questionner à ce sujet. Les députés appartenant à différents groupes parlementaires vont également exiger des trois ministres de leur donner des explications sur les raisons qui ont poussé la Chine à se rétracter et faillir à ses engagements envers le Maroc en matière de vaccins anti-Covid. Ils souhaiteraient, en outre, comprendre pourquoi ce pays délivre au Maroc des vaccins au compte-gouttes, alors que le Royaume s’est engagé, aux termes de cet accord, pour l’acquisition de 45 millions de doses du vaccin développé par Sinopharm.
Malgré cet accord, la Chine traite, en effet, le Maroc comme n’importe quel autre pays qui n’a pas participé aux essais cliniques, note le quotidien. Ce que les parlementaires disent d’ailleurs ne pas comprendre. C’est donc pour cela qu’ils ont adressé une demande au président de la Chambre des représentants, afin de convoquer les ministres ayant participé à la signature des deux conventions, l’une portant sur l’acquisition des vaccins et l’autre sur la construction d’une unité de fabrication pour fournir l’Afrique. Aucune date n’a toutefois été annoncée pour cette audience. Mais elle aura probablement lieu lors de la prochaine session du printemps, qui démarre dans un mois.
Notons que le vaccin développé par le Wuhan Institute of Biological Products (WIBP), l’un des laboratoires de Sinopharm pour lequel le Maroc a mené des essais cliniques à l’automne dernier, a connu beaucoup de retard dans sa mise au point. Il n’a été approuvé par le régulateur chinois des médicaments que le 25 février dernier. La demande d’autorisation avait été déposée quatre jours plus tôt. Et à ce jour, le Maroc ne dispose pas encore du détail des résultats de la troisième phase des essais de ce vaccin pour lequel il a initialement passé commande. Cela veut dire que ce vaccin n’a pas encore été autorisé par le ministère de la Santé. Celui dont le Royaume a reçu trois livraisons de 500.000 doses chacune est, comme tout le monde le sait, produit par Sinopharm-Pékin.
Face à cette situation et au vu des tensions que connaît le marché mondial des vaccins actuellement, le Maroc a pris la décision de diversifier ses fournisseurs. C’est pour cela qu’après avis favorable de la commission scientifique, le ministère de la Santé vient d’autoriser, ce mercredi 10 mars, l’utilisation temporaire d’urgence, pour une année, du vaccin russe Sputnik V. La commission scientifique penche également pour l’utilisation du vaccin produit par Johnson & Johnson.