Un ‘spaceport’ entre Laâyoune et Dakhla?

Fouad Laroui.

ChroniqueJe propose de créer immédiatement– ou dans deux semaines, à l’occasion de la 50ème commémoration de la Marche Verte– un consortium nommé ‘MSS’: Moroccan Sahara Spaceport.

Le 22/10/2025 à 11h09

J’espère que ‘spaceport’ deviendra bientôt un mot courant dans les sphères éthérées où s’élaborent les stratégies de développement de notre pays. Je vais le répéter dans cet article pour qu’il se grave dans le lobe pariétal des uns et des autres. Spaceport, spaceport, spaceport… (Évidemment, on pourrait aussi utiliser l’équivalent français ‘base de lancement’ mais ça ne ferait pas aussi chic ni aussi moderne…)

Commençons par le commencement. On sait ce qu’est un port, un aéroport, un héliport, etc. Un spaceport, c’est la même chose sauf qu’au lieu de bateaux, d’avions ou d’hélicoptères, ce sont des fusées qu’on y accueille, qu’on y lance ou qu’on y récupère. Il y a un marché immense dans ce domaine et l’avenir s’annonce brillant. Ça peut rapporter gros. Il n’y a pas de raison de ne pas en prendre notre part.

Et il y a une excellente nouvelle que j’ai apprise en lisant un article bourré d’arguments signé par de jeunes experts marocains: Nabil Souhair, Haitam Laarabi, Hady Milani, Naoufal Souitat et Said Hamouche. C’est avec Nabil Souhair que j’en ai discuté. Le titre de l’article est explicite: «Feasibility analysis of a spaceport in Morocco as a pathway to meeting the growing international demand for space access.» N’écoutant que mon courage et mon sens du devoir patriotique, je l’ai décortiqué pour vous.

Voici une première donnée: on ne peut pas construire un spaceport n’importe où.

D’abord, il faut être proche de l’équateur: ça permet d’exploiter la vitesse de rotation de la Terre (qui y est plus rapide) pour réduire la consommation de carburant et atteindre plus facilement l’orbite visée. (C’est ce qu’on nomme ‘effet de fronde’.) Les satellites géostationnaires sont placés sur une orbite qui se trouve au-dessus de l’équateur; un trajet direct est donc une bonne chose. Autre chose: en raison de la forme légèrement aplatie de la Terre, le point le plus éloigné de son centre se trouve à l’équateur. L’attraction terrestre y est donc légèrement plus faible, ce qui simplifie la mise en orbite.

«Allez, un bon geste. Qui se lance pour être chef de fil de MSS? La CDG? OCP? Attijari? Benjelloun, qui a déjà construit une belle fusée au cœur de la capitale? Une start-up constituée d’U20 qui n’ont peur de rien?»

—  Fouad Laroui

D’autre part, il faut une ligne de vol passant au-dessus d’un océan, pour que les étages de la fusée et les débris tombent en mer et non sur une zone habitée. Un territoire peu peuplé et peu urbanisé au bord de la mer est idéal.

La stabilité climatique est également importante. Il faut être dans une zone peu sujette aux tempêtes, pour avoir un programme de lancements réguliers.

Il y a d’autres critères très techniques qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. En fait, c’est la conclusion de Nabil Souhair et de ses collègues qui constitue une excellente nouvelle pour notre pays: en tenant compte des tous les critères, l’un des endroits au monde (in ze weurld) les plus favorables à la construction d’un spaceport, c’est chez nous, c’est entre Laâyoune et Dakhla.

Réjouissant, non?

Rappelons que ça pourrait rapporter gros vu que le marché des lancements de fusée ne cesse de gonfler: les besoins futurs en satellites sont gigantesques. De plus, vu l’expérience que nous sommes en train d’acquérir dans l’aéronautique, l’assemblage de fusées ne devrait pas être d’une technicité insurmontable.

Outre les critères techniques, on peut ajouter que la sécurité du site serait assurée (l’armée et la gendarmerie sont sur place) et que la faible densité humaine dans les environs permet d’occuper une vaste zone pour pouvoir opérer sans contraintes.

Bref, qu’attendons-nous? Je propose de créer immédiatement– ou dans deux semaines à l’occasion de la 50ème commémoration de la Marche Verte– un consortium nommé ‘MSS’. Rien à voir avec le Maximum Segment Size bien connu des informaticiens, MSS signifiera Moroccan Sahara Spaceport.

Allez, un bon geste. Qui se lance pour être chef de fil de MSS? La CDG? OCP? Attijari? Benjelloun, qui a déjà construit une belle fusée au cœur de la capitale? Une start-up constituée d’U20 qui n’ont peur de rien? Quel que soit le chef de file, il devrait commence par inviter les grands lanceurs de rockets que sont Elon Musk ou Jeff Bezos à Marrakech. Le charme de la ville ocre devrait agir et les travaux de construction de notre spaceport entre Laâyoune et Dakhla débuteraient rapidement.

Encore un rêve qui ne demande qu’à devenir réalité– il suffit d’y croire.

Par Fouad Laroui
Le 22/10/2025 à 11h09