En politique, il y a un adage qui dit «gouverner, c’est prévoir». Or, dans le cas qui nous intéresse, ce gouvernement n’a rien prévu et n’a cessé de «patauger», avec des déclarations contradictoires et un comportement des plus déroutants.
Il n’a pas prévu que l’accueil de Ghali allait provoquer la colère du gouvernement et du peuple marocains. Avant même cette réaction, la ministre des Affaires étrangères a déclaré que cet accueil, pour des «raisons humanitaires», n’aura pas de conséquence sur les relations hispano-marocaines. Faire une telle déclaration relève soit d’une naïveté indigne d’une cheffe de diplomatie, soit d’une méconnaissance complète de l’attachement du peuple marocain à ses provinces du Sud.
L’amateurisme s’est manifesté déjà quand la même ministre s’est mise d’accord avec son homologue algérien pour faire entrer Ghali sur le territoire espagnol avec un passeport diplomatique algérien, sous un faux nom. Ce faisant, l’argument suivant lequel le gouvernement espagnol a admis Ghali sur son territoire pour des «raisons humanitaires» n’est plus recevable. En effet, si c’était le cas, il fallait assumer et faire admettre Ghali au grand jour avec un document officiel et sous son vrai nom.
L’amateurisme, c’est aussi sous-estimer l’efficacité des services marocains qui, pourtant, ont fait éviter à l’Espagne de nombreux bains de sang.
L’amateurisme, c’est de se rendre complice devant le monde entier de faits graves, en violant le principe de la séparation des pouvoirs, fondement de toute démocratie. La diplomatie espagnole a comploté contre le Maroc avec un pouvoir chancelant, dont la population demande une deuxième indépendance et la possibilité d’exercer son droit à l’autodétermination, celui de ne plus être sous l’autorité d’un pouvoir militaire.
L’amateurisme est apparu encore une fois au grand jour quand il a fallu renvoyer Ghali vers son pays d’origine, c’est-à-dire l’Algérie. Se basant sur la garantie que cet individu ne serait pas inquiété en Espagne, les généraux algériens ont envoyé un avion militaire pour le ramener, avant même que son audition ne soit terminée. Preuve de la duplicité des autorités espagnoles, alors que la vice-présidente du gouvernement espagnol a déclaré aux journalistes ne rien savoir de l’arrivée de cet avion, auquel les autorités miliaires de son pays n'avaient pas donné l’autorisation d’atterrir. Quelle mascarade!
L’amateurisme est apparu au grand jour quand ce gouvernement a fait de l’entrée d’immigrés à Ceuta une lecture superficielle, allant jusqu’à vouloir entraîner l’Union européenne dans un conflit bilatéral, sachant que l’Europe ne veut pas et ne peut pas avoir une relation conflictuelle avec le Maroc. Le comportement immature du gouvernement espagnol a fait dire aux autorités marocaines que le Maroc n’est ni le gendarme de l’Europe, ni son concierge, et que les efforts sécuritaires et financiers qu’il déploie pour endiguer l’immigration clandestine massive vers l’Europe sont consentis dans le cadre d’un partenariat sincère, non équivoque et fondé sur la confiance.
Maintenant, l’amateurisme touche même le fond de l’affaire du Sahara qui constitue le véritable motif de la crise entre les deux pays. Contrairement aux décisions du Conseil de Sécurité qui se félicite depuis 2007 de la proposition faite par le Maroc pour résoudre cette affaire, l’Espagne déclare s’attacher à la «solution politique dans le cadre des Nations Unies».
Mais quelle est cette solution politique, si ce n’est l’autonomie sous souveraineté marocaine, dont le Conseil de sécurité déclare, depuis 2007, se féliciter et qui fait l’objet d’une adhésion de plus de 40 Etats.
L’amateurisme nous pousse à poser cette question: est-ce que le gouvernement espagnol est assez naïf pour penser que le Maroc va, un jour, abandonner son Sahara où il a investi et continue d’investir des milliards de dollars?
En réfléchissant comme il le fait, le gouvernement espagnol va à contre-courant de l’histoire et fait preuve d’un amateurisme et d’un manque de réalisme affligeants.