Le Maroc vient de remporter la Coupe du monde des moins de 20 ans. Une victoire historique, éclatante, qui dépasse le cadre du sport.
Car derrière ce trophée, il y a une leçon nationale. Le Maroc gagne quand il agit avec vision, leadership, compétence et collectif.
Ce succès n’est pas un hasard. Il est le fruit d’un modèle clair: une vision royale affirmée, un leadership fédéral exigeant, un staff compétent, un coach patriote et authentique, des investissements soutenus, une politique de formation ambitieuse, et surtout, une équipe où la diversité avec la diaspora se conjuguent harmonieusement.
C’est un projet collectif, pensé, assumé et partagé par toutes les parties prenantes. C’est une réussite systémique.
Mais alors, pourquoi ce que nous savons faire dans le football, nous n’arrivons pas encore à le faire dans le monde politique, économique ou social?
Un modèle de réussite nationale
Dans le football, nous avons compris qu’une vision sans mise en œuvre n’est qu’un vœu pieux. Nous avons investi, structuré, accompagné, évalué. Nous avons bâti une fédération solide, modernisé les infrastructures, professionnalisé les staffs et intégré des talents issus du Maroc comme de la diaspora.
Nous avons surtout su mobiliser une génération, lui donner confiance, un maillot, un rêve, un récit collectif.
Ce modèle sportif repose sur une conviction simple. La performance est une affaire de vision, de valeurs et d’exécution. Et c’est exactement ce qui manque à nos autres sphères. Trop souvent, nous avons des diagnostics justes, des intentions nobles, mais pas de projet fédérateur, pas de discipline collective, pas de leadership politique, économique ou social incarné.
Le Maroc a besoin de transposer cette rigueur du terrain dans la conduite de ses politiques publiques, dans le management de ses entreprises et dans l’action de sa société civile. Car ce qui fait la différence, ce ne sont pas seulement les moyens, mais la cohérence, la responsabilisation et la confiance.
Or, trop souvent, nos institutions fonctionnent en silos, nos élites manquent de pédagogie et d’écoute, et notre jeunesse reste à la marge de la décision.
Le Maroc avance, mais parfois sans récit commun. Le résultat, c’est un pays plein d’énergie, de talents et d’ambitions, mais sans toujours la synchronisation nécessaire pour transformer le potentiel en performance durable.
Une nouvelle génération comme signal d’avenir
La victoire des U20 porte aussi une dimension générationnelle. Elle est le symbole d’un dividende démographique enfin visible. Ces jeunes footballeurs incarnent une Génération Alpha, héritière d’une Genz qui, ces derniers mois, a fait entendre sa voix, ses frustrations mais aussi ses aspirations profondes: respect, reconnaissance, équité, transparence, mérite.
Cette victoire sportive est leur victoire. Elle dit au pays: "faites confiance à votre jeunesse". Donnez-lui un cap, des repères, un sens.
Car cette génération n’attend pas qu’on lui construise le futur. Elle veut le bâtir, ici et maintenant, avec ses codes, son patriotisme et son ouverture sur le monde.
Le Maroc dispose aujourd’hui d’un capital humain jeune, créatif et connecté. Il peut devenir un laboratoire de réussite collective si nous savons lui offrir le même environnement de confiance, de mérite et d’excellence que celui du football.
Du terrain de foot au terrain national
Le Maroc de demain a besoin des mêmes ingrédients que celui de cette Coupe du monde:
- une vision claire sur la base des orientations royales qui existent portée par l’exécutif et partagée à la base;
- un leadership inspirant et patriote, qui écoute autant qu’il guide;
- des institutions performantes, capables d’évaluer et d’ajuster;
- une formation initiale et continue, pour que la compétence devienne le cœur de la gouvernance et du management;
- une ouverture sur la diaspora, pour faire du “talent marocain” une force mondiale;
- et surtout, un projet national inclusif, où chaque citoyen se reconnaît.
Nous avons su bâtir une “sélection nationale” du football. Bâtissons maintenant une sélection nationale de leaders, d’entrepreneurs, d’éducateurs et de citoyens capables de jouer collectif pour le Maroc 2030 et au-delà.
Changer de paradigme
Nous vivons un changement d’époque. Les certitudes d’hier s’effritent, les modèles s’épuisent, et les sociétés réclament du sens et de l’authenticité. C’est le moment de repenser notre gouvernance, nos institutions et nos modes de leadership.
Non plus en cherchant des sauveurs, mais en construisant des équipes. Non plus en opposant générations et élites, mais en créant des ponts. Non plus en attendant le changement, mais en l’incarnant.
Cette Coupe du monde des U20 n’est pas seulement un trophée. C’est un message. Elle nous rappelle qu’un Maroc audacieux, confiant, uni peut tout réussir.Le football vient d’en faire la démonstration. À nous, désormais, de faire du même esprit une culture nationale sur tous les terrains.





