La dernière étape de la tournée africaine du roi Mohammed VI n’est pas passée inaperçue. Sa visite au Nigeria a particulièrement attiré l’attention des observateurs, notamment celle des ennemis de l’intégrité territoriale du royaume. C’est ainsi que le Maroc et le Nigeria ont annoncé officiellement, samedi 3 décembre, la signature d’un accord portant sur la réalisation d’un gazoduc pour transporter le gaz nigérian vers le Maroc, accord qui revêt une dimension régionale et internationale, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 5 décembre.
Le projet, une fois achevé, pourrait non seulement changer la face de l’Afrique de l’Ouest, mais également révolutionner les relations entre le Maroc et le Nigeria. Cet Etat a toujours été au centre d’un axe hostile au Maroc reliant l’Algérie à l’Afrique du Sud. Le Nigeria est également l’un des rares pays qui reconnaissent encore la fantomatique RASD et abritent même l’une de ses ambassades.
Cet accord marque de même une victoire de la diplomatie marocaine qui a su convaincre le Nigeria de la portée stratégique de ce projet. Et ce alors qu’un projet similaire, qui devait relier les champs gaziers nigérians aux côtes méditerranéennes de l’Algérie, était à l’étude, avant d'être finalement abandonné. Le nouveau gazoduc, qui suivra un tracé différent, plus long et plus coûteux, traversera plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, dont le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et la Mauritanie. Le coût supplémentaire engendré par la longueur de son tracé par rapport au projet algérien devrait être compensé par la mise en place de projets énergétiques et de développement.
Le Nigeria est un grand producteur d'hydrocarbures, mais son positionnement géographique l’empêche d’en tirer pleinement profit. Un gazoduc s’arrêtant aux portes de l’Europe est certainement une opportunité inégalable pour ce pays. De plus, le Maroc compte réaliser, avec le Nigeria, un projet de fertilisants porté par l’OCP.
Le Maroc a su, après des mois d’approche et d’intenses actions diplomatiques, convaincre les décideurs de ce pays d'envisager les relations avec le Maroc sous un autre angle, soit celui de la coopération Sud-Sud et du gagnant-gagnant.Les rapports entre les deux pays sont passés, rappelons-le, par des moments de tension sous le mandat de l’ancien président Jonathan Goodluck. C’est sous sa présidence que le projet de gazoduc algérien avait été évoqué. Ce projet, d’un coût de 20 milliards de dollars, devait être achevé en 2018.