Tourisme: l’opposition accuse le gouvernement de gonfler les 17,4 millions de touristes en incluant 50% de MRE

Le Parlement lors de la séance consacrée au Tourisme, le 27 janvier 2025. (Y.Mannan/Le360)

Le 27/01/2025 à 19h46

VidéoLe gouvernement a passé une véritable épreuve au Parlement lundi lorsque les députés de l’opposition lui ont reproché, entre autres, d’avoir gonflé le nombre de touristes à 17,4 millions de personnes enregistrées en 2024 en y incluant 50% de Marocains résidant à l’étranger (MRE).

«Vous annoncez un record de 17,4 millions de touristes, alors que 50% d’entre eux sont des MRE qui visitent deux à trois fois l’année leurs familles», ont martelé unanimement les députés de l’opposition (MP, USFP, PPS, PJD), y compris ceux des petits partis politiques. Ces députés, comme le chef du groupe du MP (Mouvement populaire), Driss Sentissi, ont reconnu quelques aspects positifs de la politique touristique au Maroc, mais tous, sans exception, ont pointé de nombreuses défaillances.

«C’est vrai, le tourisme a ressuscité de ses cendres après la crise de la Covid en 2019, mais l’élément majeur qui a dopé le tourisme, c’est la participation du Maroc lors du Mondial de football au Qatar», a affirmé dans une déclaration pour Le360 le député du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition), Ahmed Abadi.

«À l’exception des 2 milliards de dirhams versés par le gouvernement au secteur du tourisme après la crise de la Covid-19, nous n’avons relevé aucune trace de l’exécutif, à part quelques infrastructures», a-t-il regretté.

Si la majorité a applaudi, l’opposition a tenté de torpiller la pluie de chiffres qui s’est abattue sur l’hémicycle. «La vision du gouvernement quant à la nécessité de développer ce secteur est claire et réaliste. Le tourisme est dynamique et producteur», a estimé Aziz Akhannouch, sans convaincre l’opposition. Le tourisme compte 17 impôts, «il est lourdement taxé», a lancé le député du MP. Le tourisme interne, quant à lui, est impacté par «l’inflation élevée» et «n’intéresse que lorsque le tourisme international ne marche pas», a déploré Ahmed Abadi du PPS.

Un député de la majorité, Aziz Lebar du PAM, a pour sa part demandé la construction d’une autoroute entre Tanger et Fès, ainsi que la réalisation du TGV sur cette distance. Les prix du logement et de la nourriture ont été jugés très chers pour les citoyens marocains en comparaison avec l’étranger.

Il faut noter que deux clashes ont eu lieu lors de la séance de lundi consacrée à la politique générale de l’État sur le tourisme: l’un lorsque la députée Rim Chabat (Front démocratique) a brandi au chef du gouvernement une pancarte sur le transport urbain à Fès, et l’autre lorsque le député du PJD, Aziz Benbrahim, a demandé à Aziz Akhannouch de présenter des excuses pour avoir prononcé le terme «menteurs» lors d’une récente séance à l’encontre du PJD.

Concernant Rim Chabat, le président de la Chambre des représentants a invoqué les articles 135 et 141 du règlement intérieur, précisant que la régie de transport urbain dont elle a évoqué la gouvernance est étrangère au Parlement. Rachid Talbi Alami a annoncé que Rim Chabat sera traduite devant la commission parlementaire de l’éthique et des valeurs. Nombre de députés ont désavoué cette décision qui a frappé l’une de leurs consœurs.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 27/01/2025 à 19h46