Terrorisme: explosifs, produits chimiques, les semeurs de mort changent de tactiques

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Revue de presseKiosque360. Depuis les attentats de Casablanca en 2003, les forces spéciales se sont aguerries pour lutter contre les cellules dormantes, les loups solitaires et les kamikazes.

Le 24/09/2020 à 19h50

Depuis les attentats terroristes du 16 août 2003 à Casablanca, les cellules terroristes ne cessent de changer leurs stratégies. Après les attaques aux ceintures explosives, ils sont passés à la confrontation directe avec les services de sécurité avant de réutiliser les engins explosifs artisanaux. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 24 septembre, que ce procédé, auquel on ajoute des techniques et des produits nouveaux, est doté d’une forte puissance d’explosion pour faire le plus grand nombre de victimes. Lors des attentats de Casablanca, Al Qaida s’est servi d’éléments qui avaient combattu lors de la guerre contre la Russie en Afghanistan et étaient expérimentés dans le maniement des explosifs. Ils ont fabriqué des ceintures explosives avec des matières premières que l’on trouvait facilement sur les marchés et les souks.

Les auteurs de l’attentat de Hay Farah en 2007 ont utilisé la même technique grâce à des informations recueillies sur des sites internet qui, vidéos à l’appui, montraient les différentes étapes de la fabrication de bombes. Les forces de sécurité qui luttaient contre le terrorisme à l’époque ont découvert que l'idéologie terroriste se répandait soit au sein des familles, par le voisinage ou par le biais d’extrémistes ayant des antécédents judiciaires.

Après les deux attentats de Casablanca, les services de sécurité ont acquis de l'expérience, ce qui leur a permis de démanteler plusieurs cellules et de détecter leurs ramifications à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. La DGSN a créé plusieurs unités spéciales chargées de surveiller de près tous les mouvements et les activités des extrémistes, dont le fameux BCIJ, l’aile judiciaire de la DGST.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans un dossier consacré au terrorisme, que les terroristes sont passés des attentats suicides à la technique des engins explosifs à distance. C’est ce qui s’est produit en avril 2011 à Marrakech quand le terroriste Adel Othmani avait fait exploser deux bombes à Jamaa El Fna qui ont fait 17 morts et plusieurs blessés. Le terroriste a utilisé du nitrate d’ammonium, des clous et avait modifié un portable en le dotant de deux batteries pour fabriquer deux engins explosifs (6 et 9 kg) qu’il avait commandés à distance.

En octobre 2017, le BCIJ avait démantelé une cellule terroriste de 11 membres affiliés à Daech, qui était dirigée par un expert en explosifs. Les terroristes qui préparaient des attentats dans plusieurs villes comptaient utiliser des engins explosifs fabriqués avec de nouvelles techniques.

Lors des perquisitions, les forces spéciales ont saisi des produits chimiques nouveaux ainsi que des extincteurs et des bouteilles de gaz remplies de clous et de métaux pour faire le plus grand nombre de victimes. La cellule de Tamaris (Daech) démantelée en octobre 2019 planifiait des attentats avec des explosifs et des poisons mortels en y ajoutant des composants électroniques pour démultiplier la puissance de la bombe. La dernière cellule démantelée le 9 septembre par le BCIJ, à Temara et dans plusieurs villes du Maroc, comptait perpétrer des attentats suicides en ciblant des personnalités civiles et militaires ainsi que des sites sensibles.

Tout porte à croire que les terroristes allaient passer à l'acte car les éléments du BCIJ ont saisi des gilets et des ceintures explosives prêts à être actionnés. Autant dire que les services de sécurité marocains sont confrontés à un défi quotidien. Les terroristes utilisent aujourd'hui des produits chimiques de plus en plus sophistiqués comme le nitrate d’ammonium, l’acide chlorhydrique et les ustensiles de commande à distance. Une nouvelle technique utilisée en Irak et que Daech et ses dérivés enseignent à leurs adeptes dans des applications sur les réseaux sociaux.

Mais les fins limiers de DGST et du BCIJ les traquent jour et nuit et parviennent à les neutraliser avant qu’ils ne passent à l’acte. En effet, depuis les attentats de Casablanca en 2003, les forces spéciales ont démantelé des dizaines de cellules terroristes sans oublier les loups solitaires et les femmes kamikazes.

Par Hassan Benadad
Le 24/09/2020 à 19h50