Pur produit de l’école publique, Moncef Belkhayat est lauréat de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (Iscae) à Casablanca. Son diplôme en poche, il va intégrer le monde professionnel à travers Procter & Gamble (P&G) qui, dit-il, lui a permis d’apprendre les bases de l’entrepreneuriat.
Le 29 juillet 2022, le roi Mohammed VI a nommé Moncef Belkhayat au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports, dans le cadre d’un léger remaniement du gouvernement Abbas El Fassi. «Je ne m’y attendais pas. Quand je suis rentré au Maroc au début des années 2000, après avoir accompli plusieurs missions au Moyen-Orient et en Afrique pour le compte de P&G, j’ai intégré l’ONG Alternatives et l’association 2007 Daba, au sein de laquelle j’ai longtemps milité pour inciter les jeunes à investir les champs politique et associatif», souligne Belkhayat, tout en déplorant «l’absence de renouvellement de l’élite politique actuelle».
Moncef Belkhayat s’est vu proposer le poste de ministre des Sports alors qu’il dirigeait Atcom, le pôle de communication du groupe Finance Com (aujourd’hui O Capital Group), présidé par le magnat Othman Benjelloun. «Quand le président Othman Benjelloun a appris ma nomination, je lui ai envoyé une lettre à laquelle il a répondu en m’encourageant et en me souhaitant plein succès dans mes nouvelles missions», confie Belkhayat, qui ne tarit pas d’éloges sur son ancien patron. «Othman Benjelloun est un nationaliste qui aime son pays et son roi. Un visionnaire qui, à chaque étape de la vie, se projette dans 10 à 30 ans. Et c’est ce qui fait sa force», explique-t-il.
Interrogé sur les motivations derrière son retrait de la vie politique en avril 2020, l’ancien vice-président de la région Casablanca-Settat et ex-membre du Bureau politique du Rassemblement national des Indépendants (RNI), il affirme avoir suffisamment donné pendant 20 ans en tant que militant associatif, élu et ministre. «Les banques rechignent à octroyer des crédits aux politically exposed persons. Du fait de la pression des banques marocaines et internationales, la politique et le business ne font pas bon ménage», renchérit le patron du groupe H&S Invest.
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Belkhayat qualifie de «grand succès» l’expérience des terrains socio-sportifs de proximité, lancée sous son mandat, malgré quelques soucis de gouvernance. La réalisation de ces terrains a été assurée, explique-t-il, grâce à un partenariat entre le ministère des Sports (pour le financement) et les communes (pour la mobilisation du foncier), nécessitant un investissement allant de 500.000 dirhams à 5 millions de dirhams pour chaque terrain.
Interpellé sur les dérapages observés depuis dans l’exploitation de ces terrains, notamment par certains élus ou associations qui utilisent ces installations sportives à des fins électoralistes ou mercantiles, imposant aux jeunes des tarifs d’accès exorbitants, Belkhayat affirme que cette question avait déjà fait l’objet d’un vif débat quand il était aux commandes. «Nous avons fixé à 20 dirhams par mois le montant à payer pour accéder aux clubs socio-sportifs. Plusieurs options étaient à l’étude (dont une transformation en Services de l’État gérés de manière autonome, NDLR). Je pense que l’idéal serait de les confier aux associations, mais en évitant toute éventuelle exploitation politique», note l’ancien ministre.
Évoquant les grands stades de football, Belkhayat se félicite des efforts fournis pour accélérer les travaux menant à l’inauguration des stades de Marrakech, Tanger et Agadir qui répondent aux standards internationaux.
Par ailleurs, l’ancien ministre estime que la candidature conjointe du Maroc, de l’Espagne et du Portugal pour abriter la Coupe du monde 2030 est «imbattable».
«Sans le Maroc, le dossier de l’Espagne et du Portugal est perdant. De même, le dossier marocain ne peut réussir qu’en association avec celui de l’Espagne et du Portugal. La capacité de négociation du Maroc est ainsi renforcée pour pouvoir abriter le match d’ouverture ou la finale du Mondial 2030», souligne Moncef Belkhayat.