La garde des Sceaux Christine Taubira a rendu le tablier, ce mercredi 27 janvier. Ce départ, au-delà du motif avancé par l’intéressée pour le justifier, -déchéance de la nationalité des binationaux pour terrorisme-, n'est pas à regretter pour le Maroc.
Rarement les relations franco-marocaines auront été autant desservies comme elles l’ont été sous le mandat de Christine Taubira (du 16 mai 2012 au 27 janvier 2016).
La garde des Sceaux démissionnaire qui, rappelons-le, s’était présentée à l’élection présidentielle française de 2002 au nom d’un parti extrémiste, en l’occurrence le parti radical de gauche (PRG), ne portait vraiment pas le Maroc dans son cœur. Et ce ne sont surtout pas les faits qui diront le contraire.
Est-il besoin de rappeler l’épisode fâcheux de la convocation, en ce tristement célèbre 14 février 2014, du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, à l’origine d’une crise sans précédent entre Rabat et Paris? Un procédé qui non seulement était indigne de l’amitié historique qui a toujours été celle de deux pays liés par une forte communauté d’histoire et d’avenir, mais en violation des règles élémentaires de la bienséance diplomatique, pour ne pas dire des droits d’un pays souverain comme le royaume du Maroc.
Notre pays a riposté de la manière la plus énergique à ce procédé «inélégant», voire irrespectueux: le gel des accords de coopération judiciaire avec Paris.
Une riposte dont les effets se sont fait rapidement et surtout lourdement ressentir chez les autorités françaises, mises à mal par les attaques terroristes à répétition qui ont secoué en début 2015 la capitale de l’hexagone, entre autres le siège parisien de l’hebdomadaire parisien «Charlie Hebdo». Des attaques qui ont amené Paris à revoir ses cartes et solliciter l’aide précieuse des services de sécurité marocains, dont l’efficacité et la compétence sont saluées par le monde entier.
Début 2015, après une rencontre au sommet à l’Elysée, entre le roi Mohammed VI et le président Hollande, les accords de coopération judiciaire ont été réactivés, à la faveur d’une coopération qui s’avérera décisive lors des attentats du 13 novembre 2015, puisque, faut-il le rappeler encore une fois, ce sont les services marocains qui ont permis la localisation le 18 novembre dernier à Saint-Denis du commando de ces attentats, dont le cerveau Abdelhamid Abaaoud.
En somme, autant de services indéniables rendus par le royaume et qui lui ont valu des félicitations personnelles du président Hollande pour «l’assistance efficace» apportée par nos services suite aux attentats du 13 novembre.
Autre couac à mettre au passif de l’ex-gauchiste Taubira, et il n’est pas des moindres. Rendant hommage au dessinateur Tignous, assassiné lors de l’attaque contre l’hebdo Charlie Hebdo, Taubira s’est permis de critiquer «la censure autour du roi Mohammed VI». «Au Maroc, il est prudent de ne pas vouloir représenter le Roi», a-t-elle lâché, sans peut-être se rendre compte de l’ampleur de son dérapage et de l’ignorance de ce principe constitutionnel plébiscité par le peuple marocain : «le respect dû au Roi».
Une ingérence dont Taubira se serait bien passée, mais qu’elle s’est permise, oubliant, à l’insu de son gré, qu’elle était «ministre» et qu’à ce titre-là, ses propos pouvaient compliquer davantage les relations entre le gouvernement Valls et son homologue marocain.
En un mot comme en mille, une erreur de casting que ce départ contribuera certainement à effacer. D'autant plus que son successeur, Jean-Jacques Urvoas, est connu pour son pragmatisme et la gestion efficace des dossiers.