Tanger: le Conseil supérieur des oulémas refuse de se prononcer sur l’édification de statues dans la ville

Dessin représentant le grand explorateur marocain Ibn Batouta.

Dessin représentant le grand explorateur marocain Ibn Batouta. . DR

Le Conseil supérieur des oulémas de Tanger a refusé d’émettre une fatwa à la demande du maire de la ville, Bachir Abdellaoui estampillé PJD, pour l’édification des sculptures d’Hercule et d’Ibn Battouta.

Le 02/07/2017 à 08h20

Le célèbre héros grec Hercule et le grand voyageur et explorateur Ibn Battouta n’auront probablement pas droit à leur sculpture dans la ville du Détroit. Le Conseil supérieur des oulémas de Tanger a refusé de se prononcer sur une demande de fatwa du maire de la ville, Bachir Abdellaoui du Parti de la justice et du développement (PJD), a appris le360 de sources concordantes.

Le conseil a signifié au maire PJDiste une fin de non-recevoir quant à sa demande sans pour autant la justifier. Cependant, nos sources indiquent qu'une telle décision était prévisible compte tenu du fait que ni le Conseil supérieur des oulémas ni les conseils régionaux ne sont habilités à émettre une fatwa sur la question.

Contacté par le360, Bachir Abdellaoui nous a déclaré qu’il n’avait (encore) reçu aucune réponse de la part du Conseil supérieur des oulémas ou de celui de Tanger. «Je ne crois pas que la réponse émane du conseil régional. Je pense que ses membres auraient transmis ma demande au Conseil supérieur», a dit le maire.

Pour sa part, Guennoun El Hassani, membre du Conseil supérieur des oulémas à Tanger, a confirmé qu’il n’existait aucune réaction à la demande du maire. Et d’ajouter: «Ce sont des choses qu’on doit demander auprès de la municipalité».

Cheikh El Fizazi: «C’est haram»

Interrogé par le360, Cheikh Mohamed El Fizazi s’est dit catégoriquement opposé à l’édification des statues. «Formuler pareille demande, c’est faire montre d’ignorance de la religion. Le Conseil est en droit de la rejeter. Il n’y a point de discussion là-dessus», a-t-il asséné.

Pour lui, Ibn Battouta est un nom qui a honoré le Maroc dans les domaines de l’histoire et de la géographie. Quant à Hercule, «on ne le connaît pas et on ne sait pas d’où il vient». Et de conclure non sans une pointe d’ironie : «Le Maroc a connu un nombre incommensurable de savants, de martyrs et de grands hommes. Si l’on devait édifier une statue pour chacun d’entre eux, il y en aurait au moins une dans chaque quartier».

En mai dernier, le maire de Tanger Bachir Abdellaoui a déclaré lors d’une rencontre avec la presse qu’il avait soumis au Conseil supérieur des oulémas une demande de fatwa pour l’édification de deux statues d’Hercule et d’Ibn Battouta. Il s’était dit étonné qu’il n’existe aucune statue immortalisant des personnalités historiques dans les villes du royaume.

Par Said Kadry
Le 02/07/2017 à 08h20