Syrie : Le décryptage des politologues marocains

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A l'heure où la tension vient à nouveau de monter d'un cran entre la Syrie et les Etats-Unis, les observateurs décryptent la position américaine face au régime d'Al Assad.

Le 27/08/2013 à 20h00, mis à jour le 28/08/2013 à 08h33

Les Etats-Unis "sont déterminés à lancer des frappes" aériennes contre le régime de Bachar Al Assad, dans une tentative de "redistribution des rôles au profit d’Israël et au détriment des islamistes, notamment du Hezbollah", a affirmé Moussaoui Ajlaoui, spécialiste des questions du monde arabe, dans une déclaration à Le360.

"Cette frappe aura sûrement lieu cette semaine. Reste à savoir ce que fera l’Iran dans ces conditions et quelle sera la réaction de Téhéran au cas où les Américains décideraient de saisir cette occasion pour frapper également l’Iran dans cette escalade", se demande ce chercheur universitaire. "Les Etats-Unis veulent affaiblir le régime syrien en renforçant l’opposition et en touchant les islamistes de la région. La Syrie pose un problème aux Américains et à la sécurité d’Israël. Depuis la chute de Saddam Houssein et étant donné que le monde arabe est désormais dépourvu de puissance régionale, les Américains cherchent d'éventuels remplaçants auprès, par exemple, de la Turquie, mais l’Iran s’y oppose. Pour déstabiliser toute la région, les Etats-Unis sont même en train de lâcher Ankara au profit des Kurdes", poursuit Ajlaoui qui prévoit une "dislocation de la région" touchant essentiellement "les civils qui risquent d'être la cible de violences sans précédent".

La "punition" de Bachar Al Assad ?

Un autre chercheur marocain, El Hassan Boukantar, estime quant à lui que, "si la délégation onusienne confirme bel et bien l'utilisation des armes chimiques par les forces syriennes, les Etat-Unis mèneront des frappes aériennes ciblées et punitives". "A travers ces frappes, poursuit-il, les Américains cherchent à imposer au régime syrien l'ouverture d'un dialogue avec l’opposition".

"Ces frappes seront chirurgicales et ciblées pour réduire les avantages stratégiques que l’armée syrienne possède, notamment en matière d’aviation et d'infrastructures", estime ce professeur des relations internationales de l’Université Mohammed V de Rabat. Néanmoins, la question de la légitimité reste en suspens. En effet, jusqu'à présent, les Etats-Unis ont été les seuls à opter pour la confrontation, tandis que la Russie et la Chine ont rejeté l'option de l'ingérence. Néanmoins, "s’il était prouvé que Bachar Al Assad avait vraiment utilisé des armes chimiques prohibées, la communauté internationale pourrait invoquer un crime contre l'humanité", souligne Boukantar. Ce qui sous-entend que les Etats-Unis auraient dès lors toute liberté d'agir.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 27/08/2013 à 20h00, mis à jour le 28/08/2013 à 08h33