Suède: chronique d’une animosité à l’encontre du Maroc

Kjell Stefan Löfven, premier ministre suédois.

Kjell Stefan Löfven, premier ministre suédois. . DR

Depuis les années 80, la Suède a enclenché une mécanique hostile à l’intégrité territoriale du Maroc. En dépit de quelques déclarations apaisantes d’officiels suédois, la Suède a fait du Sahara marocain un dossier prioritaire de sa politique extérieure. Décryptage.

Le 01/10/2015 à 17h21

Ne nous y trompons pas! Les déclarations lénifiantes débitées, hier mercredi, par le département de Margot Wallström, ministre suédoise des Affaires étrangères, résistent mal à l’épreuve des faits. L’hostilité de la Suède à l’encontre du Maroc est structurée, inscrite dans la durée et ne saurait être modifiée du jour au lendemain. Et ce ne sont surtout pas les faits qui diront le contraire. Depuis les années 80, la Suède nourrit une hostilité à l’égard de l’intégrité du Maroc. Faut-il rappeler que ce pays a voté contre l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne aussi bien de la part de son gouvernement au sein du Conseil de l’UE que de la part des parlementaires suédois à Strasbourg. L’Exécutif de ce pays, de même que les parlementaires, sont en phase sur ce dossier.

Mieux : ce pays s’est souvent illustré par des positions inédites au sein de l’UE. A ce sujet, la Suède est l’unique pays du continent européen à avoir engagé des poursuites judiciaires contre une société d’armateurs suédois opérant dans les eaux des provinces sahariennes marocaines, sous prétexte que cette opération était contraire à la position de Stockholm et à ses engagements internationaux.

Les preuves d’une position hostile

Le gouvernement suédois est le seul pays européen à adresser, chaque année au mois d’avril, à la veille de la présentation par le SG de l’ONU de son rapport sur le Sahara marocain, une lettre recommandant l’élargissement du mandat de la Minurso au monitoring des Droits de l’Homme. Dans le calendrier de la politique extérieure de ce pays, la lettre au SG de l’ONU est une action indispensable.

Et ce n’est pas tout! Stockholm apporte un soutien politique, voire sonnant et trébuchant, aux activistes séparatistes basés dans les provinces sahariennes marocaines, dont le dénommé Brahim Dahhan. Ce qui peut être considéré comme un encouragement au séparatisme, voire à la déstabilisation du royaume du Maroc. Dans ce même esprit ouvertement hostile, la Suède se permet de décerner des prix aux relais séparatistes dans les mêmes provinces sahariennes marocaines, dont le prix dit «Rafto».

Plus grave, la Suède est le seul pays au monde qui mène une campagne internationale pour le boycott des produits provenant du Sahara marocain et ouvre les portes de ses universités, dont celle de Stockholm et d’Uppsala, à la propagande pro-Polisario, en autorisant l’édition, avec l’argent du contribuable suédois, de livres dits académiques qui relaient la littérature polisarienne genre «Crimes de guerre» au Sahara marocain.

Vers la reconnaissance de la pseudo «RASD»

Le projet de reconnaissance de la pseudo «RASD» par la Suède est le résultat d’un long processus d’inimitiés anti-marocaines. Tout commence un certain 15 novembre 2012 quand la commission des Affaires étrangères au Parlement suédois, Riksdag, adopte une recommandation appelant le gouvernement à reconnaître la «RASD».

Une recommandation qui a été accueillie à bras ouverts. En effet, le 5 décembre 2012, elle a été adoptée par le Riksdag, mais l’Exécutif s’y est opposé en faisant valoir que la reconnaissance de la "RASD" relève des prérogatives du gouvernement.

Un amalgame savamment cultivé

Une semaine après l’adoption par Stockholm d’une mesure reconnaissant la Palestine, le Parlement suédois revient à la charge et recommande d’en faire autant avec la pseudo RASD, cultivant ainsi l’amalgame entre une cause juste et légitime, en l’occurrence celle de la Palestine, et une autre, celle du Polisario, qui est une tentative d’usurpation voulue, guidée et financée par l’Algérie. «La Suède espère recueillir des pays africains le même soutien qu’elle a obtenu des pays arabes en reconnaissant la Palestine», confie une source diplomatique à Le360. Et d’ajouter : «C’est une erreur de penser que le mouvement de sympathie qui a accompagné la reconnaissance de la Palestine serait reconduit avec la reconnaissance d’une entité polisarienne».

Il faut bien admettre que le dossier du Sahara marocain semble répondre à une stratégie de politique extérieure de la Suède. Les preuves supplémentaires ne manquent pas. Primo, la désignation d’un diplomate chargé de la question du Sahara au sein de la mission suédoise accréditée auprès des Nations Unies, à New-York. Secundo, la sortie de diplomates suédois stipulant la reconnaissance de la «RASD» par Stockholm en contrepartie de la mobilisation de voix africaines et arabes en faveur d’une adhésion de la Suède au sein du Conseil de sécurité. Tercio, la multiplication des déclarations anti-marocaines de la part de responsables suédois. Quarto, le gouvernement social-démocrate de Stefan Löfven a chargé l’ambassadeur de la Suède à Tunis d’élaborer un rapport sur la position de son pays vis-à-vis de la question saharienne, y compris l’éventualité de reconnaissance de la pseudo «RASD».

Riposte marocaine aux hostilités suédoises

Les réactions recueillies par Le360 auprès des officiels et d’acteurs dans la société civile marocaine sont unanimes à relever le caractère délibérément hostile de la position suédoise. Une attitude jugée d’autant plus dangereuse que le Sahara marocain revêt le caractère d’un «enjeu» de la politique extérieure de Stockholm. Le gouvernement suédois serait fondé de savoir que cet «enjeu» est une question de vie ou de mort pour tous les Marocains. L’agression de la Suède à l’égard de l’intégrité territoriale du Maroc est de nature à porter atteinte, non seulement à la sécurité du royaume, mais à l’ensemble de la région. Le Maroc est l’un des rares territoires de paix et de stabilité dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Il est un rempart contre le terrorisme dont les foyers actifs prospèrent à Tindouf et au Sahel. La reconnaissance de la «RASD» par la Suède risquerait de déstabiliser toute une région et de contribuer à donner de la légitimité à un foyer de contrebande, d’esclavage et de terrorisme.

Par Ziad Alami
Le 01/10/2015 à 17h21