Séisme politique à Kénitra: cinq élus municipaux arrêtés pour achat présumé de voix

Siège de la commune de Kénitra.

L’arrestation de cinq élus de la commune de Kénitra, soupçonnés de corruption, intervient à la veille de l’élection d’un nouveau président du conseil municipal, en remplacement de Anas El Bouanani, destitué en septembre par le tribunal administratif.

Le 11/11/2024 à 12h03

C’est un coup de tonnerre politique qui a résonné le week-end dernier dans la capitale du Gharb. Alors que la ville de Kénitra s’apprête à élire son nouveau maire, un poste vacant depuis la destitution en septembre du RNIste Anas El Bouanani, la nouvelle de l’arrestation de cinq conseillers communaux a fait l’effet d’une bombe.

Ancien maire PPS et actuellement élu du Mouvement démocratique et social, Mohamed Talsmoust, qui a déjà annoncé son intention d’être candidat à l’élection présidentielle, figure parmi les personnes arrêtées. C’est d’ailleurs chez lui, dans une villa située plage des Nations, que l’arrestation a eu lieu vendredi 8 novembre. Les quatre autres élus étaient tous au même endroit au moment de la descente de police.

Après 48 heures de garde à vue, les cinq élus accusés de corruption ont été présentés dimanche devant le procureur du Roi près de la Cour d’appel de Kénitra, puis devant le juge d’instruction qui a ordonné leur placement en détention provisoire.

Mohamed Talmoust a déjà été condamné pour les mêmes faits au milieu des années 2000. Il allait se présenter cette fois-ci en tant que candidat du MDS, chef de file de l’opposition. Mais pour remporter l’élection, il doit absolument grignoter des voix supplémentaires dans les rangs de la majorité. Ce qui explique d’ailleurs la présence, parmi les personnes interpellées, de deux conseillères issues du RNI.

L’arrestation de Talmoust balise la voie à la représentante de la majorité, Mina Harrouza, seule candidate en lice à ce jour pour occuper le poste vacant de président du conseil municipal. Les autres prétendants ont jusqu’au mardi 12 novembre pour se manifester et déposer leur candidature.

Le 12 septembre dernier, le tribunal de première instance de Rabat a destitué Anas El Bouanani, maire de Kenitra, confortant ainsi la décision prise par le gouverneur de la ville. Ce dernier avait suspendu El Bouanani et ses deux vice-présidents, à l’issue des conclusions d’un rapport de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT), relevant du ministère de l’Intérieur, en lien avec des «irrégularités» dans l’octroi des autorisations de construction.

Par Ayoub Khattabi
Le 11/11/2024 à 12h03