Scandale à Salé: une coopérative sous le feu des critiques pour exploitation opaque des biens communaux

Dans les ruelles de la médina de Salé, objet, deux années durant, d'un ambitieux projet de restauration.

Revue de presseLors d’une session extraordinaire du conseil communal de Salé, une élue a dénoncé avec véhémence les privilèges accordés à une coopérative, transformant un projet social en entreprise opaque. Entre contrats opaques, absence de transparence et avantages injustifiés, l’affaire soulève de vives interrogations sur la gestion des deniers publics. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 11/08/2025 à 18h32

Une conseillère communale a provoqué un émoi considérable lors de la session extraordinaire du conseil municipal de Salé, en dénonçant les conditions troubles dans lesquelles une coopérative exploiterait les biens de la commune. Cette structure, initialement conçue pour lutter contre le chômage, se serait muée en une entité opaque, échappant à tout contrôle ou évaluation de la part des instances communales, rapporte Al Akhbar du mardi 12 août.

L’élue a mis en lumière un nouveau contrat, signé par le président de la commune Omar Sentissi, autorisant la location d’un quatrième bâtiment à cette coopérative pour y établir une école. Elle a rappelé que trois édifices publics avaient déjà été cédés dans le cadre du même partenariat, sans que ne soient jamais justifiés les avantages exorbitants accordés à cette structure.

Plus grave encore: aucune donnée sur les bénéfices réalisés ni sur le nombre de chômeurs effectivement embauchés n’aurait été communiquée, en l’absence totale de rapports périodiques ou de suivi local. Pourtant, cette coopérative a bénéficié d’un soutien financier conséquent, avec plus de 1,5 million de dirhams alloués par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), destinés aux équipements et au transport, ainsi que de l’appui de l’ANAPEC pour la formation des cadres éducatifs.

Mais, selon la même source, ces investissements publics n’auraient profité qu’à la coopérative elle-même, qui exploiterait commercialement les locaux municipaux sans honorer son engagement initial en faveur de l’emploi.

Le président de la commune a, quant à lui, défendu la signature d’un nouveau contrat d’une durée de neuf ans, renouvelable et assorti d’un loyer global de 70.000 dirhams mensuels pour quatre écoles, avec une réduction de 50% jusqu’en août 2026. Il a justifié ces largesses en arguant que la commune tirerait ainsi des recettes qu’elle n’aurait pu percevoir autrement, privilégiant une logique mercantile au détriment de la dimension sociale du projet, relaie Al Akhbar .

Ce scandale n’est pas sans rappeler l’affaire des «pépinières d’entreprises», où des initiatives destinées à la jeunesse avaient été détournées au profit de proches et de personnalités influentes.

Certains conseillers municipaux ont dénoncé ces agissements comme «un coup porté aux principes de l’État social et une spoliation des biens des citoyens». Ils appellent à une intervention urgente de la justice pour une enquête approfondie et transparente, estimant que la crédibilité même de la commune est en jeu.

Par Hassan Benadad
Le 11/08/2025 à 18h32