Sahraouis des camps: des réfugiés, vous dites?

Le camp de Tindouf. . DR

C’est un des détenteurs des secrets de fonctionnement du Polisario qui interpelle le Haut Commissariat aux Réfugiés au sujet du statut des habitants des camps. Maintenant qu’ils ont pris les armes, ils ne peuvent plus être considérés comme des réfugiés.

Le 21/11/2020 à 15h46

Mustapha Salma? Vous le remettez. Rappelez-vous, août 2009, un temps où les visites familiales entre Sahraouis installés au Maroc et séquestrés de Tindouf étaient encore possibles, sous la supervision du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Moustapha Salma Ould Sidi Mouloud qui effectuait alors une visite familiale à Smara avait annoncé publiquement sa disposition à «ouvrir le dialogue avec le Maroc concernant l’initiative d’autonomie» proposée comme plan de règlement du conflit du Sahara. Mal lui en a pris: celui qui avait gravi les échelons de la hiérarchie sécuritaire du Polisario jusqu’à devenir «Inspecteur général de la police» n’a jamais pu revenir à Tindouf où il risque une mise à mort. Aujourd’hui, depuis son exil mauritanien, il suit comme tout Sahraoui les développements de l’annonce par le Polisario d’une rupture du cessez-le-feu, doublée d’une large campagne d’enrôlement militaire dans ses camps. Mesures qui ont inspiré à Mustapha Salma une story pertinente sur sa page Facebook, suivie par quelque 180.000 personnes.

Titrée «le front Polisario et l’Algérie, fiers de violer les lois internationales», la publication de ce connaisseur des arcanes de la milice armée est une série d’interrogations au sujet du statut des habitants des camps sahraouis. Un bombardement de questions de la part d’un des détenteurs des secrets de la milice armée qui s’avère bien plus destructeur que les pétards mouillés du Polisario, lancés au ciel de Mahbès, ou encore que sa propagande infantile de jeux vidéos.

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«Les habitants des camps sahraouis, contraints à s’enroler dans l’armée du Polisario, peuvent-ils encore être considérés comme des réfugiés?». La question nodale de la story de Mustapha Salma est bien évidemment rhétorique. La définition de réfugié est limpide selon les conventions internationales stipulant qu’il s’agit de «personnes qui fuient des conflits armés ou la persécution (…), leur situation est périlleuse et intolérable au point qu'ils traversent des frontières nationales afin de trouver la sécurité dans des pays voisins», peut-on lire sur le site internet de l’UNHCR. Ne peuvent être considérés alors, comme réfugiés, des apprentis combattants embrigadés à la va-vite pour servir de chair à canon.

Mustapha Salma estime à juste titre que le Polisario qui se vante, sur les médias algériens, que ses écoles militaires n’arrivent plus à résorber les milliers de volontaires pour servir sous le drapeau devrait déclarer leur nombre aux Nations unies. Tout comme aux ONG internationales qui acheminent des aides alimentaires aux «réfugiés» qui arrivent rarement à destination. Ces nouvelles recrues de la milice devraient être retirées d’une liste de réfugiés que la Minurso n’arrive même pas à établir avec précision, malgré l’insistance des résolutions onusiennes.

Mustapha Salma qui connaît les méthodes de cette milice armée signale à l’UNHCR que les «volontaires» sont en fait enrolés par contrainte et ne sont aucunement animés par une envie de porter les armes. Il interpelle d’ailleurs la structure onusienne quant à sa responsabilité pour protéger ces «réfugiés». Mustapha Salma s’interroge, enfin, sur le mutisme de l’Algérie par rapport à l’ouverture, sur son sol, de centres de recrutement militaire «qui pourraient même mettre en péril la sécurité de ses citoyens». Autant de questions qui ne devraient pas laisser l’UNHCR indifférente…

Par Fahd Iraqi
Le 21/11/2020 à 15h46