Suite à la récente audience du roi Mohammed VI avec les chefs de diplomatie du Mali et du Burkina Faso, l’Union européenne (UE) a dépêché à Rabat son représentant spécial pour le Sahel, Joao Gomes Cravinho. Reçu par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, M. Cravinho a souligné «le rôle stratégique du Maroc en tant que partenaire très important de l’Union européenne pour relever les défis liés dans la région du Sahel».
Des observateurs estiment que la diplomatie marocaine, «sage et pragmatique», confère au Royaume tous les atouts pour une médiation dans la région, contrairement à l’Algérie, qui rencontre des tensions avec plusieurs pays sahéliens comme la Libye, le Tchad et le Mali.
Le politologue Tajeddine El Houssein a par ailleurs affirmé que «le Maroc est appelé à jouer un rôle stratégique important dans la liaison entre l’Afrique et l’Europe et dans la coopération entre les deux parties». Il a également noté qu’un «nouveau tournant» s’est opéré ces dernières années pour les pays du Sahel, avec le développement d’une «coopération sans limites avec le Maroc». Ce rapprochement s’inscrit dans le cadre de la «première initiative atlantique» du Roi, visant à «intégrer les pays du Sahel dans ce qu’on appelle l’Alliance du Sahel, composée du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Niger».
Selon le politologue, cette initiative a déjà donné «des résultats positifs», comme en témoigne la réunion organisée récemment par le roi Mohammed VI avec les ministres des Affaires étrangères de ces pays.
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Lors de cette rencontre, a-t-il ajouté, «ils ont accepté que le Maroc joue un rôle fondamental pour leur permettre un accès à l’océan Atlantique, non seulement via le port de Dakhla, mais aussi via d’autres ports de la région».
Tajeddine El Hosseini a aussi mis en lumière l’intérêt de ces nations pour «l’initiative de transport de gaz naturel depuis le Nigeria vers le Maroc, puis vers l’Europe». Pour l’expert en géopolitique, le «principe du gagnant-gagnant et la protection des intérêts communs» entre ces parties demeurent fondamentaux pour des résultats positifs, au-delà des aspects sécuritaires et politiques.
Concernant la récente visite à Rabat du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, Musalia Mudavadi, Tajeddine El Hosseini a souligné un rapprochement très fort entre le Maroc et le Kenya. Le gouvernement kenyan à Nairobi a affirmé que «ses intérêts se trouvent davantage avec le Maroc qu’avec tout autre pays de la région». Rappelant que la coopération n’est pas nouvelle – un accord pour l’ouverture d’une ambassade ayant été conclu, «je crois que c’était en 2023» – le politologue a mentionné la suppression d’un tweet du président kényan évoquant l’initiative d’autonomie au Sahara, signe de fortes pressions subies.
Aujourd’hui, la situation «semble beaucoup plus claire»: la visite kényane et la rencontre avec Nasser Bourita ont donné les résultats attendus, notamment la reconnaissance que l’autonomie est la seule proposition viable pour résoudre ce conflit.
Tajeddine El Hosseini anticipe un approfondissement des relations Maroc-Kenya, avec la signature de nombreux accords et un fort désir kényan de coopérer dans des domaines tels que les engrais chimiques, l’automobile et l’aviation. Il a conclu en rappelant l’existence d’une «coopération étroite entre le Maroc et les Émirats arabes unis, qui ont d’importants investissements au Kenya».








