Le Conseil de sécurité a opté pour une solution de compromis où il n’y a ni vainqueur ni vaincu. C’est ce qui ressort du projet de résolution, présenté par les Etats-Unis, amendé par les 15 membres du Conseil, et dont Le360 détient copie. Dans le préambule de ce projet de résolution, dont le vote est attendu ce vendredi ou samedi, le Conseil affirme «prendre note de la proposition d’autonomie présentée le 11 avril 2007 au secrétaire général de l’ONU» saluant, par la même occasion, «les efforts crédibles et sérieux» déployés par le royaume du Maroc pour trouver une solution politique mutuellement acceptable au conflit du Sahara.
Le Conseil de sécurité, sur ce point précis, rend justice au Maroc en soulignant le bien-fondé de l’offre d’autonomie marocaine, envers et contre le vœu du secrétariat général de l’ONU qui a tenté en vain de faire l'impasse sur l’initiative marocaine en cautionnant la thèse de la partie adverse en qualifiant le Sahara de «territoire occupé», lors de son voyage à Tindouf et à Alger (du 4 au 7 mars dernier).
Sur ce registre, le Conseil de sécurité, dans le draft américain revu et corrigé, recadre le SG de l’ONU, et son Envoyé personnel pour le Sahara Christopher Ross, et appelle les parties au conflit à «faire preuve d’un esprit de réalisme et de compromis». Une allusion claire à la partie adverse qui continue de se cramponner à la thèse de «l’indépendance», jugée "irréaliste" et "irréalisable par le prédecesseur de Christopher Ross, le diplomate hollandais Peter van Walsum.
Dans ce même esprit de compromis, et sur la question de la Minurso, point de litige entre le Maroc et le secrétariat général de l’ONU, le Conseil de sécurité souligne le «besoin du retour à un statut pleinement opérationnel» de la mission de l’ONU au Sahara occidental».
Remarquez que le Conseil utilise l’expression «besoin du retour à un statut pleinement opérationnel» de la Minurso évitant soigneusement l’usage de tout élément contraignant à l’égard du Maroc, et ne spécifiant pas forcément le retour du même contingent de 84 fonctionnaires de la Minurso expulsés en mars dernier par le Maroc. Le Conseil de sécurité appelle ainsi au rétablissement du statut quo prévalant avant le déclenchement de cette crise suscitée autour de la Minurso.
Seulement voilà, le Conseil, qui proroge le mandat de la Minurso pour une année supplémentaire (jusqu’en avril 2017), demande au SG de l’ONU de présenter un rapport dans quatre mois (bien 4) à compter de ce 28 avril, pour s’assurer du «retour au statut pleinement opérationnel» de la Minurso. A défaut, le Conseil demandera au SG de l’ONU de faire des propositions pour faciliter l’aboutissement à cet objectif.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité réaffirme le besoin pour les parties au conflit de respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu conclu en début octobre 1991, demandant aux parties d’interagir positivement avec les opérations de la Minurso en s’engageant à assurer la sécurité du staff de la mission déployé de part et d’autre.
Pour des négociations intenses et substantielles
Le projet de résolution du Conseil de sécurité appelle les parties à mener des négociations intenses et substantielles, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité 1754 (2007) et 1813 (2008), pour trouver une solution politique mutuellement acceptable au conflit.
Insistant sur la nécessité de négociations de bonne foi et sans conditions préalables, le Conseil de sécurité exhorte les parties à faire preuve de «réalisme et d’esprit de compromis» dans la quête d’une issue au différend saharien, appelant à prendre en considération les efforts déployés depuis 2007, année à laquelle s’est enclenché le processus de négociations à Manhasset, banlieue new-yorkaise, sur la base de l’Initiative marocaine pour octroyer un statut d’autonomie au Sahara.
A cet effet, le Conseil de sécurité incite les parties et les pays voisins à œuvrer de manière à faire avancer le processus de négociations, en soutenant matériellement les mesures de confiances initiées par les Nations unies, notamment la facilitation de l’échange de visites entre les familles établies à Tindouf et dans les provinces sahariennes.
Parmi ces mesures, figure également le renforcement du programme d’aide alimentaire à la population de Tindouf. Sur ce registre, -et c’est une première-, le Conseil de sécurité appelle à s’assurer de la "destination" de l’aide humanitaire qui n’arrive souvent pas aux ayants-droit, en l’occurrence la population des camps de Lahmada Tindouf.
Sur le volet des droits de l’Homme, le projet de résolution encourage les parties à coopérer pleinement avec la communauté internationale pour développer et mettre en place des «mesures indépendantes et crédibles pour assurer le respect total des droits de l’Homme».
Sur ce front, le projet de résolution Conseil affirme prendre note des «pas franchis par le Maroc» pour le respect des droits de l’Homme à travers les antennes du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) à Dakhla et Laâyoune.