Au moment où les regards se tournent vers Genève, élue par l'émissaire du SG de l'ONU pour le Sahara, Horst Köhler, pour abriter début décembre prochain, des discussions préliminaires sur "l'avenir du Sahara", en présence d'Alger, partie au conflit, dans l'espoir de faire bouger les lignes, il est sidérant de voir le voisin de l'est, via son ambassadeur à l'ONU, refaire des siennes en servant, hier mardi devant la 4e Commission de l'ONU, un vieux-nouveau discours puisé dans le lexique de la pourtant défunte époque de la Guerre froide. Un chef-d'oeuvre de contrevérités sur la nature du conflit, ses réels protagonistes, apportant ainsi la preuve, à qui veut bien voir ou entendre, qu'Alger n'est pas encore prête à prendre fait et cause pour la "paix des braves" tant espérée par la région, et la communauté internationale.
Première contrevérité relevée dans le laïus hallucinant de l'ambassadeur d'Alger à l'ONU, le dénommé Sabri Boukadoum, elle concerne la toute récente initiative de l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler: réunir autour d'"une table ronde" les parties au conflit, y compris Alger, les 5 et 6 décembre prochain, à Genève, pour explorer le moyen de relancer le processus de dialogue engagé en 2007 pour trouver une issue politique au conflit. C'est ce qui est coché noir sur blanc dans l'invitation adressée aux parties fin septembre dernier par Horst Köhler, et consultée par les médias.
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Seulement voilà: le dénommé Boukadoum est le seul à avoir trouvé dans la lettre de Köhler une invitation à "des discussions directes entre le Royaume du Maroc et le front polisario". "L'Algérie a répondu immédiatement et de façon positive à l'invitation du président Köhler de participer à la première série de négociations directes entre les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc", a-t-il menti, en excipant du faux "pacifisme" de son pays: "L’hostilité n’a jamais été le choix préféré de l’Algérie et qu’agir de manière ouverte et transparente, conformément aux principes consacrés dans la doctrine de l’ONU et acceptés par tous, ne doit pas être considérée comme un défaut comme ou comme une hostilité", a-t-il présumé.
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Une présomption qui se dément dès qu'elle est mise à l'épreuve des faits, l'hostilité antimarocaine du régime algérien étant un secret de polichinelle. Est-ce un hasard si l'hystérie antimarocaine des apparatchiks algériens octogénaires est devenue le principal sujet de la politique extérieure de leur pays?
Mais passons, car le diplomate en question a poussé le cynisme jusqu'à mentir au Conseil de sécurité, en tentant un curieux amalgame entre la littérature de la 4e Commission et les résolutions du Conseil de sécurité, lequel n'a à aucun moment, au fil de toutes les résolutions qu'il a jusqu'ici adoptées, considéré que le conflit était "une question de décolonisation"! Est-il besoin de rappeler au diplomate voisin que l'instance décisive de l'ONU a plutôt appelé à une solution politique basée sur l'esprit du réalisme, du compromis, tout en saluant le bien-fondé et le sérieux du plan marocain d'autonomie, considéré par la majorité des pays membres du CS comme étant une alternative crédible au conflit plus que quarantenaire créé autour du Sahara marocain?
"Toutes les résolutions de l'ONU, qu’ils s’agissent des résolutions de l'Assemblée générale ou du Conseil de sécurité, ont régulièrement réaffirmé la nature juridique du conflit ainsi que la validité du principe d'autodétermination ", a-t-il détonné sans se rendre compte, peut-être, qu'il s'est emmelé les pinceaux. Le principe d'autodétermination, soulginé dans lesdites résolutions, n'a jamais voulu dire "décolonisation", loin de là. Le Conseil de sécurité a bien au contraire balayé une bonne fois pour toutes l'option "référendaire" prônée par Alger et son instrument polisarien. Pour s'en apercevoir, il n'est qu'à se référer aux résolutions du CS et au site de la Minurso, dont l'unique tâche est la surveillance du cessez-le-feu et non l'organisation dudit "référendum d'autodétermination".
Avec pareilles fourberies, il apparaît à l'évidence qu'Alger continuera de faire obstacle à toute initiative susceptible de ménager une sortie au conflit. L'initiative de Köhler pour réunir les parties à Genève ne déroge pas à la règle.