Nous vous en parlions samedi dernier. Ce jour-là, le chef du Polisario et "président" de la pseudo-Rasd, Brahim Ghali, a été transporté en urgence à Alger où il a été hospitalisé. De source sûre, à Alger, nous apprenons aujourd'hui qu'il vient de subir une intervention chirurgicale à l'hôpital militaire de Blida, par ailleurs première région militaire en Algérie.
La maladie de Ghali a été plusieurs fois pointée du doigt par ses opposants au sein du Front. Il s’agit d’une hépatite C (VHC) ayant atteint un stade très avancé et qui s’est déjà traduite par une cirrhose du foie. Mais cette fois, c'est d'un cancer du colon qu'il est atteint, et c'est à ce titre qu'il a été opéré à l'hôpital militaire de Blida.
Le chef du Polisario devait être transféré en Espagne dans un premier temps. Mais les craintes qu'il ne soit convoqué par la justice espagnole, suite aux nombreuses plaintes pour tortures déposées contre lui, ont poussé ses protecteurs au sein du régime algérien à le maintenir en lieu sûr, nous précise notre source.
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Depuis son arrivée à l'hôpital militaire de Blida, la mobilisation de la présidence et des services de renseignement est à son paroxysme. L’inquiétude est grande face à la perspective d'une disparition de l’homme de paille du régime algérien dans le dossier du Sahara. Celle-ci viendrait éparpiller toutes les cartes que joue l’Algérie sur ce registre, alors qu'une relève prête à prendre le relais n'est toujours pas en vue.
Les informations sur l'inaptitude physique de Brahim Ghali avaient fleuri dès le lendemain de son élection à la tête du Front. Brahim Ghali a été "élu" secrétaire général du Front Polisario, mais aussi président de la proclamée Rasd en juillet 2016, avec le score stalinien de 93,16% des voix exprimées. Il a alors remplacé Mohamed Abdelaziz, mort le 31 mai de la même année, des suites d’une longue maladie.
Brahim Ghali est loin d’être le seul dont l’état de santé vacille dangereusement. Son «patron», le président algérien Abdelaziz Bouteflika, est tout aussi entre la vie et la mort, depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013. Depuis cette date, ses apparitions sont rares, même si le régime veut absolument le maintenir en vie. Officiellement justifié comme faisant partie des contrôles de santé réguliers qu’il subit, son transfert fin août dernier obéit à d’autres considérations. De source sûre, nous apprenons que le véritable objectif de ce déplacement était de doper le président et lui redonner un minimum de locution et de motricité, dans la perspective de deux dates importantes.
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La première a été la visite à Alger, lundi dernier, de la chancelière allemande Angela Merkel. Partenaire économique de premier ordre, Berlin est aussi le plus important fournisseur d’armes à l’Algérie à l’échelle mondiale. On se souvient qu’en février 2017, un déplacement de Merkel dans ce pays avait dû être annulé à la dernière minute en raison d'une «bronchite aiguë» du président algérien Abdelaziz Bouteflika, 81 ans. La seconde raison est la candidature quasi-certaine du président algérien en vue d’un cinquième mandat…qu’il devra présenter lui-même. Sinon, ce serait la fausse note de trop.
Auteur d'un livre sur l'action de la France dans les pays arabo-musulmans (Le soleil ne se lève plus à l'est -Plon) Bernard Bajolet, ancien ambassadeur à Alger et patron de la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure) de 2013 à 2017, ne croit pas si bien dire en affirmant, dans un entretien accordé hier à Le Figaro, que "le président Bouteflika, avec tout le respect que j'éprouve pour lui, est maintenu en vie artificiellement". Jusqu'à quand?